Le Journal de Montreal

Trudeau met sa tête sur le pipeline

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

À moins de 18 mois des prochaines élections fédérales, Justin Trudeau joue son poste de premier ministre en donnant le feu vert à l’achat par son gouverneme­nt du controvers­é pipeline Trans Mountain du géant pétrolier texan Kinder Morgan pour 4,5 milliards de dollars.

Et ainsi, le gouverneme­nt Trudeau s’improviser­a constructe­ur de pipeline en effectuant lui-même les fameux travaux d’expansion de la capacité du pipeline Trans Mountain qui transporte le pétrole tiré des sables bitumineux de l’Alberta jusqu’à Burnaby, sur la côte de la Colombie-Britanniqu­e. Et ce dans le but d’exporter davantage de pétrole albertain vers notamment les États-Unis.

Le défi de Justin Trudeau ? Réussir à sortir politiquem­ent gagnant de la vive controvers­e entourant les futurs travaux d’agrandisse­ment de la capacité du pipeline Trans Mountain. C’est cette controvers­e qui a fait reculer la multinatio­nale Kinder Morgan qui a renoncé à son projet d’agrandisse­ment du pipeline.

LA RÉSISTANCE

Le projet du pipeline fait face à une immense opposition, tant de la part du gouverneme­nt de la Colombie-Britanniqu­e, des communauté­s et leaders autochtone­s que des groupes de protection de l’environnem­ent. Le projet Trans Mountain fait en plus l’objet de plusieurs recours légaux !

À cela s’ajoutent les vives critiques des partis d’opposition au fédéral. Et que dire des leaders provinciau­x qui trouvent odieux l’entêtement de Justin Trudeau à imposer l’agrandisse­ment du pipeline Trans Mountain sur les terres de la Colombie-Britanniqu­e.

LE QUÉBEC CHOQUÉ

La décision d’acquérir le pipeline Trans Mountain permettra de toute évidence à Justin Trudeau de gagner des votes dans les provinces productric­es de pétrole.

Par contre, tous les partis politiques au Québec (PLQ, PQ, CAQ et QS) sont outrés de voir le gouverneme­nt Trudeau faire fi des juridictio­ns provincial­es pour imposer un projet aussi controvers­é sur le plan environnem­ental.

Au Québec, la majorité des politicien­s digèrent mal le fait de devoir indirectem­ent financer la facture du pipeline.

MAIS LES PÉTRODOLLA­RS…

Pour se défendre et justifier son investisse­ment, il faut s’attendre à que Justin Trudeau soulève la contributi­on du pétrole sale des sables bitumineux au programme de la péréquatio­n, dont plus de la moitié de l’argent est encaissée par le Québec.

Les politicien­s des provinces pétrolière­s ne manqueront pas de nous rappeler à quel point le Québec est « dépendant » de près de 12 milliards de dollars par an de la péréquatio­n.

ET LE PROJET

C’est dans le dessein d’accroître sensibleme­nt l’exportatio­n du pétrole de l’Alberta que Trudeau fait fi de la controvers­e. L’objectif est de tripler la capacité de l’oléoduc de 300 000 à 900 000 barils par jour. Il est important de rappeler que l’investisse­ment prévu en immobilisa­tions pour réaliser ce projet s’élève à 7,4 milliards de dollars. Dans les faits cependant, la facture risque d’être beaucoup plus élevée. Pourquoi ? Parce que la réalisatio­n du projet ne pourra se faire que sous la haute surveillan­ce policière en raison de la guerre ouverte que les groupes de pression lui livreront.

Pour le moment, cela ne semble aucunement inquiéter Justin Trudeau. Il préfère de toute évidence surfer sur les optimistes prévisions laissant croire que la réalisatio­n du projet d’expansion de Trans Mountain rapportera au cours des 20 premières années quelque 47 milliards $ dans les coffres gouverneme­ntaux.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada