Trudeau met sa tête sur le pipeline
À moins de 18 mois des prochaines élections fédérales, Justin Trudeau joue son poste de premier ministre en donnant le feu vert à l’achat par son gouvernement du controversé pipeline Trans Mountain du géant pétrolier texan Kinder Morgan pour 4,5 milliards de dollars.
Et ainsi, le gouvernement Trudeau s’improvisera constructeur de pipeline en effectuant lui-même les fameux travaux d’expansion de la capacité du pipeline Trans Mountain qui transporte le pétrole tiré des sables bitumineux de l’Alberta jusqu’à Burnaby, sur la côte de la Colombie-Britannique. Et ce dans le but d’exporter davantage de pétrole albertain vers notamment les États-Unis.
Le défi de Justin Trudeau ? Réussir à sortir politiquement gagnant de la vive controverse entourant les futurs travaux d’agrandissement de la capacité du pipeline Trans Mountain. C’est cette controverse qui a fait reculer la multinationale Kinder Morgan qui a renoncé à son projet d’agrandissement du pipeline.
LA RÉSISTANCE
Le projet du pipeline fait face à une immense opposition, tant de la part du gouvernement de la Colombie-Britannique, des communautés et leaders autochtones que des groupes de protection de l’environnement. Le projet Trans Mountain fait en plus l’objet de plusieurs recours légaux !
À cela s’ajoutent les vives critiques des partis d’opposition au fédéral. Et que dire des leaders provinciaux qui trouvent odieux l’entêtement de Justin Trudeau à imposer l’agrandissement du pipeline Trans Mountain sur les terres de la Colombie-Britannique.
LE QUÉBEC CHOQUÉ
La décision d’acquérir le pipeline Trans Mountain permettra de toute évidence à Justin Trudeau de gagner des votes dans les provinces productrices de pétrole.
Par contre, tous les partis politiques au Québec (PLQ, PQ, CAQ et QS) sont outrés de voir le gouvernement Trudeau faire fi des juridictions provinciales pour imposer un projet aussi controversé sur le plan environnemental.
Au Québec, la majorité des politiciens digèrent mal le fait de devoir indirectement financer la facture du pipeline.
MAIS LES PÉTRODOLLARS…
Pour se défendre et justifier son investissement, il faut s’attendre à que Justin Trudeau soulève la contribution du pétrole sale des sables bitumineux au programme de la péréquation, dont plus de la moitié de l’argent est encaissée par le Québec.
Les politiciens des provinces pétrolières ne manqueront pas de nous rappeler à quel point le Québec est « dépendant » de près de 12 milliards de dollars par an de la péréquation.
ET LE PROJET
C’est dans le dessein d’accroître sensiblement l’exportation du pétrole de l’Alberta que Trudeau fait fi de la controverse. L’objectif est de tripler la capacité de l’oléoduc de 300 000 à 900 000 barils par jour. Il est important de rappeler que l’investissement prévu en immobilisations pour réaliser ce projet s’élève à 7,4 milliards de dollars. Dans les faits cependant, la facture risque d’être beaucoup plus élevée. Pourquoi ? Parce que la réalisation du projet ne pourra se faire que sous la haute surveillance policière en raison de la guerre ouverte que les groupes de pression lui livreront.
Pour le moment, cela ne semble aucunement inquiéter Justin Trudeau. Il préfère de toute évidence surfer sur les optimistes prévisions laissant croire que la réalisation du projet d’expansion de Trans Mountain rapportera au cours des 20 premières années quelque 47 milliards $ dans les coffres gouvernementaux.