Le Journal de Montreal

Le phénomène Shawn Mendes

- Cédric Bélanger

Depuis ses débuts, j’étais réfractair­e. Le phénomène Shawn Mendes, je l’observais de loin. Avec méfiance.

Les gamins qui deviennent des vedettes de la pop avant d’avoir l’âge légal de boire de la bière, puis qui perdent le contrôle et préfèrent une vie de débauche à la discipline requise pour développer leur carrière, on en connaît quelques-uns. Dans le cas de Mendes, mon alerte au feu de paille flashait rouge foncé.

Sauf que le feu de paille est devenu un brasier. Ce n’est plus possible de l’ignorer.

Attendu en juillet sur les plaines d’Abraham en qualité de tête d’affiche du Festival d’été de Québec, le jeune Ontarien est sérieux et les résultats sont probants. Lancé la semaine dernière, son troisième album, qui porte simplement son nom comme s’il voulait bien établir qu’on a ici artistique­ment affaire au vrai Shawn Mendes, est en tête des palmarès.

Il n’a que 19 ans.

DÉPART EN FORCE

Shawn Mendes n’est pas du genre à rater l’occasion de laisser une bonne première impression et il cultive l’art d’attirer rapidement l’attention.

C’est de cette façon qu’il s’est fait connaître, à 14 ans, en publiant de courtes vidéos musicales de six secondes sur la plateforme Vine. Pas le temps de niaiser, il faut que ça plaise d’emblée.

Le même plan semble avoir été adopté sur son nouvel album. Les meilleures chansons sont empilées dans sa première moitié.

Mendes offre même un trio d’ouverture impeccable et musicaleme­nt varié. In My Blood, single dont le refrain très rock confirme une influence des Kings of Leon, met la table pour Nervous, un titre plus funky très réussi. Puis, Lost in Japan, autre single, dévoile l’aisance de Mendes dans un registre R&B. J’ai bien aimé aussi son délicat duo avec Julia Michaels sur Like To Be You, conversati­on en mode folk qui fait mouche.

À quatorze chansons, Mendes se montre cependant trop généreux. Étirer la sauce est un défaut que partagent plusieurs artistes pop. Ici, ça nous donne une seconde partie moins forte que la première. En éliminant deux ou trois titres plus faibles (je pense surtout aux ballades), l’impression générale favorable s’en trouverait renforcée.

MATURITÉ

Ce bémol exprimé, force est de reconnaîtr­e qu’il se dégage beaucoup de maturité de cet album qui confirme le talent et le potentiel d’auteur-compositeu­r de Mendes, un autre produit de la pépinière de jeunes vedettes torontoise­s qui nous a aussi donné les Justin Bieber, Drake, The Weeknd et Alessia Cara.

En fait, j’irais même jusqu’à dire que dans le créneau des crooners pop, je préfère de loin l’offre de Mendes à celle d’un Ed Sheeran.

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PHOTO D’ARCHIVES, AFP Shawn Mendes lors de sa performanc­e aux Billboard Music Awards.
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