Le Journal de Montreal

Hommage à notre mère décédée

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

« Le ciel est sombre, l’orage gronde, il pleut des cordes. Soudain la salle à manger se transforme. Nous plaçons des chaises à la queue leu leu. Elles deviennent les sièges d’un train imaginaire. Bientôt, les petits voisins se joignent à nous et nous sommes en route vers des destinatio­ns fantastiqu­es. Discrèteme­nt, tu nous surveilles d’un oeil attendri. Merci pour ta patience, ta tolérance et ta capacité d’accueil.

Autour de la table, nous nous affairons à trier des framboises ou des bleuets ramassés dans la journée. Parfois, il s’agit de petites truites de ruisseaux que nous vidons avec un peu de dégoût et beaucoup d’éclats de rire. Nous savons qu’entre tes mains, les fruits de nos forêts et de nos cours d’eau deviendron­t des délices. Ensemble, nous formons une équipe d’où personne ne se défile. Merci pour ton sens du partage et de l’équité.

C’est le temps des devoirs et tu laisses de côté tes tâches pour nous encourager sans jamais faire le travail à notre place. Tu nous expliques combien il est important d’apprendre, de devenir meilleur pour nous-mêmes, pas pour les autres. Dans ta bouche, impossible n’est pas français. Il faut aller au bout de soi, au bout de ses passions, au bout de ses talents. Tu retrouves toi-même les bancs de l’école alors que nous sommes encore enfants. Merci pour tes encouragem­ents, ta persévéran­ce et surtout ton exemple.

Nous nous retrouvons à quatre maintenant. Pour un rien, la querelle éclate. Nous te voulons pour arbitre, pour juge qui tranchera le vrai du faux. Mais c’est bien mal te connaître puisque tu ne prends jamais parti. Tu ne défends jamais l’un au détriment de l’autre. « Apprenez à vivre ensemble nous exhortes-tu. Vous avez commencé la querelle, maintenant, faites la paix. » Merci pour cette sagesse qui a fait de nous des adultes responsabl­es de leurs actions. Nous pourrions te remercier pour mille et une petites choses. Entre autres, de nous avoir tricoté une famille unie et une enfance heureuse. D’avoir brodé dans nos coeurs ta générosité et ton sens de la justice. Tu vas nous manquer, mais ne nourris aucune crainte, partout ton amour nous accompagne­ra. » Joignez-vous tous à nous pour clamer d’un même souffle ce que Louise, notre mère, aimerait dire et entendre : MERCI LA VIE! GB

C’est en lisant des textes comme le vôtre qu’on constate à quel point les petites choses de la vie sont si importante­s. Raison de plus pour apprécier la chance que vous avez eue d’avoir une telle mère.

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