Le Journal de Montreal

Chronique d’une Spartiate

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Le week-end dernier se tenait la Spartan Race. À mi-parcours dans sa préparatio­n pour l’épreuve « bestiale » de la série (la Beast), notre chroniqueu­se était du départ de la Super.

Peut-être à cause de leurs thématique­s éclatées, les courses à obstacles ne me sont d’abord pas apparues comme autre chose que des happenings spectacula­ires pour la coureuse sur route que j’étais. J’avais de la difficulté à voir quelque chose de «sérieux» à ces épreuves auxquelles la majorité des participan­ts se présentent à moitié déguisés.

Il suffit de regarder les coureurs élites s’attaquer aux montées sans ralentir leur cadence, s’élancer dans les descentes sans y casser quoi que ce soit et enchaîner des obstacles variés sans perdre leur rythme pour admirer — et respecter — toutes leurs qualités d’athlète. Rien n’est improvisé, tout a été travaillé, avec ce que l’on devine dévouement et acharnemen­t.

Sans l’ombre de la prétention de viser à de telles performanc­es, j’aspire néanmoins à être de ces athlètes complets qui peuvent affronter tout ce qui s’impose sur leur chemin... à mon rythme.

DU GYM AUX OBSTACLES

Eh bien, ça prend beaucoup de travail! En plus d’un kilométrag­e toujours croissant de course à pied, trois fois par semaine, depuis trois mois, mon entraîneur à Spécifik Performanc­e m’accompagne dans ma «transforma­tion». Prendre une empotée (ayant tout de même un grand bagage d’événements d’endurance... c’est-à-dire deux enfants) et la rendre apte à cheminer dans une course à obstacles.

Après avoir passé quelques semaines à corriger mes asymétries pour que la base soit capable de soutenir la suite, les entraîneme­nts musculaire­s se sont enchaînés pour développer force et puissance partout. Peu de répétition­s, des charges lourdes, des séquences en circuit impliquant de rares et brèves périodes de récupérati­on, afin que l’effort ressemble à celui qui sera exigé en compétitio­n, à celui auquel je faisais enfin face dimanche dernier.

Le mont Owl’s Head se dressait devant moi. Le long d’un parcours de 14,5 kilomètres en montagne, on allait accumuler un dénivelé positif de 1400 mètres à une pente moyenne de 18,6 % (ce qui ne rend pas les descentes des plus confortabl­es non plus !). À la base, il m’était déjà possible d’évaluer la difficulté et la hauteur des obstacles, qui avaient tout pour intimider la néophyte que j’étais. Comment des squats ou des pompes inversées allaient me permettre d’affronter tout ça? Quatre heures plus tard, j’aurai ma réponse : bien.

Mais la peur qui m’a coupé le souffle dès mon arrivée sur le site, celle qui allait m’accompagne­r en sourdine tout au long de l’épreuve écrasée par une confiance toute nouvelle qui elle aussi a été construite en salle, je l’ai accueillie comme un bon présage. Cette peur n’est pas le signe que l’on n’est pas prêt. Plutôt, cette panique intérieure confirme qu’on a fait le bon choix de défi. Tous les autres n’en valent pas la peine.

Maintenant, il me reste trois mois avant l’épreuve ultime. Pas de doute... et beaucoup de travail.

 ?? PHOTOS COURTOISIE ?? Le poids du sac de sable sur des jambes épuisées d’une 3e ascension, rien d’autre. Il ne sert à rien à penser à ce qui s’en vient et il ne sert à rien de regarder en arrière (malgré la vue à couper de souffle) : toute l’énergie est concentrée vers...
PHOTOS COURTOISIE Le poids du sac de sable sur des jambes épuisées d’une 3e ascension, rien d’autre. Il ne sert à rien à penser à ce qui s’en vient et il ne sert à rien de regarder en arrière (malgré la vue à couper de souffle) : toute l’énergie est concentrée vers...
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