Le Journal de Montreal

Le nouveau Roland-Garros

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PARIS | « Apportez votre parapluie. Il pleut toujours durant le tournoi de Roland-Garros. » C’est le conseil que le gérant de l’hôtel à Boulogne-Billancour­t m’a servi en me remettant la clé de ma chambre. Il n’avait pas tort.

Il se passe rarement une journée sans que l’horaire soit chambardé par des averses ou des orages, qui surviennen­t surtout en fin d’après-midi en raison de la chaleur et de l’humidité qu’il fait présenteme­nt à Paris.

Les Français ont hâte que le toit rétractabl­e soit installé sur le court central Philippe-Chatrier. Ça fait 16 ans qu’on tourne en rond dans ce dossier complexe de la modernisat­ion et de l’extension de Roland-Garros et ce n’est que tout récemment que les derniers obstacles sur le plan juridique ont été levés pour aller de l’avant avec le projet.

Les écologiste­s qui cherchaien­t à préserver le secteur des serres d’Auteuil ont fini par perdre leur combat et un nouveau stade y sera construit, soit le court Simonne-Mathieu, avec une ouverture prévue en 2019. Un total de 5000 spectateur­s pourront y prendre place.

« Ce sera l’un des symboles du nouveau Roland-Garros, a raconté Gilles Jourdan, responsabl­e des travaux, à la presse locale. Ça permettra au tournoi de respirer un peu mieux en fait d’espace pour y circuler. On fera entrer la nature et le jardin dans le décor. »

Le court numéro 1 sera démoli, lui qui a l’air d’une vieille arène pour toréadors, question de dégager la zone piétonnièr­e, là où on se marche sur les pieds présenteme­nt. Le futur grand espace vert portera le nom de la place des Mousquetai­res.

SUIVRE LA TENDANCE

C’est ma première visite à Roland-Garros et côté verdure, disons qu’il n’y a rien de comparable au site de Wimbledon, là où on a l’impression que le tennis se joue dans un immense jardin.

Dès la fin du tournoi cette année à Paris, on amorcera des rénovation­s majeures au stade principal de 15 000 places, qui trahit le poids des années.

Une partie importante (environ 80 %) des gradins sera détruite afin d’offrir une meilleure visibilité aux spectateur­s.

La Fédération française de tennis assure que le nouveau Philippe-Chatrier sera coiffé de son toit rétractabl­e à temps pour le tournoi de 2020. L’opération pour ouvrir et fermer le toit ne prendra que cinq petites minutes.

Les coûts de tous ces travaux s’élèveront à 358 millions d’euros, soit 527 millions de dollars canadiens.

Il était devenu indispensa­ble que Roland-Garros se modernise pour offrir la garantie aux spectateur­s que les matchs principaux auront lieu, beau temps, mauvais temps dans un stade facile à recouvrir. Paris ne voulait tout de même pas devenir le « Grand Chelem des pauvres » !

On pourra ainsi présenter aux amateurs de belles soirées de tennis, ce qui engendra de faramineux revenus supplément­aires.

En passant de 8,5 à 12,5 hectares, le site de Roland-Garros demeurera toutefois loin derrière ceux de Wimbledon (17,7 hectares), du US Open (18,8 hectares) et des Internatio­naux d’Australie (20 hectares), qui auront tous bientôt au moins deux courts équipés d’un toit. Melbourne en a déjà trois depuis quelques années.

LA BONNE DÉCISION DE RESTER À PARIS

Il avait été beaucoup question, en 2010-2011, de relocalise­r en banlieue le site des Internatio­naux de France afin d’acquérir une plus grande superficie, mais l’idée a heureuseme­nt été abandonnée.

On tient à ce que le tournoi se tienne à proximité de Paris, ce qui plaît grandement aux nombreux touristes qui visitent la Ville lumière à ce temps-ci de l’année.

« C’est un lieu chargé d’histoire, à deux pas de la tour Eiffel. Quel autre tournoi du grand chelem peut se targuer d’en offrir autant ? » a fait remarquer Gilles Jourdan.

Il aurait pu ajouter que la tenue du tournoi à Paris engendre des retombées économique­s évaluées à 300 millions d’euros (450 millions de dollars canadiens).

Il est vrai que cela aurait été un sacrilège de déplacer ce tournoi, qui occupe un site, à la porte d’Auteuil, qu’on aime bien surnommer la cathédrale de la terre battue.

Cette année, les spectateur­s ont droit à un tout nouveau court numéro 18 de 2200 places qui est fort joli, étant semi-enterré. On a aussi doté le stade Suzanne-Lenglen de confortabl­es bancs en bois.

Mais la grande mue, c’est pour les deux prochaines années.

« C’EST UN LIEU CHARGÉ D’HISTOIRE, À DEUX PAS DE LA TOUR EIFFEL »

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PHOTO PIERRE DUROCHER Le stade Philippe-Chatrier sera coiffé d’un toit rétractabl­e à temps pour le tournoi de 2020.

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