Une naturopathe pourrait aller en prison pour homicide
Elle a injecté un soluté vitaminé à un client qui est décédé le lendemain
Une naturopathe montréalaise acquittée d’avoir tué un client malade en lui injectant un soluté contaminé pourrait finalement aller en prison, puisque la Cour d’appel a renversé la décision et l’a déclarée coupable d’homicide involontaire, hier.
« Il m’apparaît clairement que la juge [de première instance] aurait dû conclure que tous les éléments […] d’homicide involontaire coupable sont établis hors de tout doute raisonnable », peut-on lire dans le jugement du plus haut tribunal de la province.
Mitra Javanmardi, 60 ans, était pourtant sortie triomphante du palais de justice de Montréal en avril 2015, lorsqu’elle avait été acquittée sur toute la ligne pour la mort de Roger Matern, survenue sept ans plus tôt.
ACTES DANGEREUX
À l’époque, la victime s’était présentée aux bureaux de Javanmardi pour se faire injecter un soluté vitaminé. Mais la fiole utilisée était contaminée par une bactérie mortelle, si bien que l’homme de 84 ans est décédé le lendemain à l’hôpital.
« Les actes posés [par Javanmardi] ne sont pas objectivement dangereux, elle avait pris les précautions d’usage, elle avait une formation, bien qu’elle ne fût pas autorisée [à procéder à une injection par intraveineuse] », avait tranché la juge Louise Villemure en acquittant la femme.
Trois ans plus tard, la Cour d’appel a tranché que la magistrate s’était trompée, et que son erreur était suffisamment grave pour changer le verdict, sans même tenir de nouveau procès pour homicide involontaire.
« L’injection par voie intraveineuse comporte pour l’être humain des dangers inhérents, peut-on lire dans le jugement d’appel. Force est de constater avec une certitude raisonnable que ces erreurs de droit ne sont pas inoffensives et que, n’eussent été celles-ci, le verdict aurait sans doute été différent. »
NÉGLIGENCE CRIMINELLE
Ainsi, Javanmardi devra revenir devant la cour afin de connaître la sentence dont elle devra écoper. La femme, qui était aussi accusée de négligence criminelle causant la mort, devra également subir un nouveau procès sur ce chef d’accusation.
Le procès pourrait toutefois ne jamais avoir lieu, laisse entendre la Cour d’appel.
« Un verdict de culpabilité sur cette infraction mettrait en jeu la règle prohibant les condamnations multiples, puisque les deux chefs d’accusation visent à sanctionner le même comportement de [Javanmardi] », peut-on lire dans la décision.