La dispersion des cendres
Les péquistes se relèvent les manches. Véronique Hivon, la vice-chef, y met des efforts considérables.
Rien n’est encore joué. À quelques mois du scrutin du 1er octobre, la formule est sage. Pour le Parti québécois, ce mantra sert surtout à rassurer une formation inquiète de frapper le pire mur de ses 50 ans d’existence. Sous Jean-François Lisée, le PQ a chuté gravement.
À 20 % d’appuis seulement, les péquistes se relèvent néanmoins les manches. Véronique Hivon, la vice-chef, y met des efforts considérables. Le PQ renoue aussi avec ses racines sociales-démocrates et humanistes. Dans l’espoir de renverser la vapeur, les péquistes ont même déjà dévoilé leur plateforme électorale.
Bref, le PQ fait ses devoirs. Son équipe est solide. Sa plateforme foisonne de projets. La question qui tue : pendant que la CAQ s’impose comme la prochaine alternative aux libéraux, le regain de vie au PQ arrive-t-il trop tard pour lui ? Les électeurs en décideront.
Il n’en reste pas moins que sa décision risquée de mettre son option en veilleuse aux élections de 2018 — référendum ou pas —, fut une erreur. Elle a libéré ce qu’il reste d’électeurs souverainistes, dont une part substantielle est partie butiner ailleurs. Y compris à la CAQ.
UNE ERREUR
Ce fut une erreur, mais ce même problème, il faut le dire, ne date pas d’hier. En mettant de côté sa raison d’être dès après le référendum de 1995, le PQ glisse lentement depuis 20 ans. Hormis pour sa brève remontée sous son ex-chef Pierre Karl Péladeau.
Même le Bloc québécois en a subi les contrecoups. Si le PQ ignore son option depuis des années, à quoi diable peut bien servir le Bloc ? Quasiment anéanti par le NPD en 2011, il agonise péniblement depuis sept ans. Sous Martine Ouellet, le ridicule suicidaire de cette guéguerre absurde entre elle et sept députés dissidents l’achèvera.
Or, ce ne sont là que des symptômes d’un mal plus profond. Depuis la démission de l’ex-premier ministre Jacques Parizeau, le mouvement souverainiste implose sourdement. Un parti souverainiste qui retire lui-même la souveraineté du débat public, c’est aussi aberrant que si le Pape se refusait soudainement à parler de Dieu. Même le Vatican finirait par se vider.
SE DISPUTER LES CENDRES
Résultat : nombreux sont ceux à se disputer les cendres de la famille souverainiste. À Ottawa, conservateurs, libéraux et néo-démocrates font de l’oeil au mini électorat du Bloc. Au Québec, les solidaires ont pris une part du vote péquiste dès leur fondation. En 2018, la CAQ se sert à son tour dans l’urne du PQ.
D’ici le 1er octobre, une résurrection miraculeuse est certes possible. Si le passé des derniers 20 ans est garant de l’avenir, c’est cependant peu probable. Pour le PQ, une énième défaite annoncerait sûrement une reconfiguration majeure du mouvement souverainiste, même amoché.
Auquel cas, la présence d’une équipe forte, même réduite, combinée au retour des Jean-Martin Aussant et Lisette Lapointe, réussirait-elle alors à convaincre les péquistes de renouer avec leur raison d’être ? Pour la seule nation francophone d’Amérique, la question est existentielle. La réponse le sera encore plus.