Le Journal de Montreal

Il risque de perdre le condo où il reste

L’État veut confisquer une résidence de LaSalle où la police de Montréal a trouvé des kilos de cocaïne

- ERIC THIBAULT

Après s’être fait saisir pour un million de dollars en cocaïne, un présumé trafiquant de la mafia montréalai­se risque maintenant de perdre le condo où il habite au profit de l’État.

Le juge Yvan Poulin a émis, la semaine dernière, une ordonnance de blocage sur la demeure de Mario Mula dans l’arrondisse­ment montréalai­s de LaSalle, que la Procureure générale du Québec considère comme un « bien infraction­nel » depuis que la police de Montréal (SPVM) y a trouvé 3 kg de cocaïne, le 23 mars dernier.

C’est ce qu’on appelle « être puni là où ça fait mal », puisque la propriété visée appartient à sa conjointe, qui n’est accusée de rien.

Si Mula est déclaré coupable des accusation­s criminelle­s portées contre lui, le petit condo évalué à 178000 $ par la Ville de Montréal, où le couple réside depuis 10 ans, sera néanmoins confisqué par l’État, qui en tirera profit en le revendant sur le marché immobilier.

LES POCHES PLEINES

Cet après-midi-là, quand Mario Mula a ouvert sa porte aux enquêteurs de la Section crimes de violence Ouest du SPVM, sur la rue Shevchenko, il avait deux sachets de cocaïne dans une poche de son pantalon.

Munis d’un mandat de perquisiti­on, les policiers ont aussi trouvé dans ses poches une paille contaminée par cette poudre blanche, selon des documents judiciaire­s consultés par Le Journal.

Mula ignorait que trois semaines plus tôt, les policiers l’avaient surveillé alors qu’un complice allégué, Yandi Jamaleddin, était venu lui livrer une boîte blanche provenant de la boutique Aldo et se doutaient bien qu’elle contenait autre chose qu’une paire de chaussures.

En fouillant dans la chambre de Mula et de sa conjointe, les policiers ont retrouvé la même boîte blanche qui renfermait un kilo de cocaïne encore emballée.

Ils y ont aussi découvert une deuxième boîte en carton dans laquelle se trouvaient deux autres kilos de cette drogue, un livret de comptabili­té, une balance électroniq­ue ainsi que « tout le matériel nécessaire afin de couper et emballer les substances pour la revente », précise l’Unité des produits de la criminalit­é du SPVM dans un document judiciaire.

Mula et Jamaleddin font face à plusieurs accusation­s depuis deux mois, mais demeurent en liberté provisoire.

OPÉRATION CLEMENZA

Selon le SPVM, tous deux seraient associés à l’un des 50 mafieux qui ont été arrêtés dans l’opération antidrogue Clemenza, puis libérés de toute accusation à la demande de la Couronne fédérale, l’année dernière.

La poursuite s’était résignée à demander l’arrêt des procédures contre eux pour protéger une technique d’enquête policière utilisée dans cette affaire et que la Gendarmeri­e royale du Canada ne voulait pas « brûler » en divulguant ses détails à la défense.

PROFITS DÉCUPLÉS

Le prix du kilo de cocaïne à Montréal s’élève actuelleme­nt à 48 000 $.

Toutefois, ce même kilo de poudre blanche, après avoir été « coupé » avec des produits pour en augmenter la quantité puis revendu sur le marché de la rue, procure « environ 400 000 $ de profit » aux trafiquant­s impliqués, précise l’Unité des produits de la criminalit­é du SPVM dans ce dossier de cour.

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PHOTOS COURTOISIE 1. On peut voir ici deux des trois briques de cocaïne saisies par la police de Montréal chez Mario Mula, le 23 mars dernier, dans l’arrondisse­ment de LaSalle. 2. Le condo où ce présumé trafiquant habite pourrait être confisqué à titre de bien...
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