Le Journal de Montreal

Ces produits coûteront plus cher

Dès le 1er juillet le Canada compte imposer une surtaxe sur une centaine d’items importés des États-Unis

- PHILIPPE ORFALI Le Journal de Montréal

C’est le consommate­ur canadien qui écopera de la nouvelle guerre commercial­e que se livrent Washington et Ottawa, qui ont promis hier d’imposer des surtaxes sur les produits d’acier, d’aluminium et de nombreux autres.

Le premier ministre Justin Trudeau a répliqué avec force à l’imposition par les Américains de tarifs additionne­ls de 25 % sur l’acier canadien et de 10 % en ce qui a trait à l’aluminium, dont 90 % de la production canadienne provient du Québec.

Des surtaxes semblables ont aussi été appliquées aux exportatio­ns d’acier et d’aluminium de l’Union européenne et du Mexique par le président des ÉtatsUnis, Donald Trump, qui cite notamment des raisons de sécurité pour justifier ce coup d’éclat.

En réponse, M. Trudeau a dévoilé une liste de plusieurs dizaines de produits américains qui se verront accoler une surtaxe dès le 1er juillet, à moins que M. Trump ne revienne sur sa décision.

Il s’agit de produits à base d’acier américain, mais aussi de nombreux autres, comme la moutarde, la pizza ou le café produits aux États-Unis.

Ces contre-mesures sont évaluées à 16,6 milliards $ par Ottawa, soit l’équivalent des exportatio­ns canadienne­s visées par les nouveaux tarifs américains.

TRIPLEMENT PÉNALISÉ

De nombreuses petites et les moyennes entreprise­s, tant américaine­s que canadienne­s, risquent d’écoper en raison de l’augmentati­on rapide des prix. Pareil pour les employés des grandes aluminerie­s québécoise­s, pour qui les débouchés à l’extérieur des États-Unis sont incertains.

Le consommate­ur, tant au nord qu’au sud de la frontière, pourrait toutefois être la principale victime.

Pourquoi ? Parce que l’aluminium et l’acier sont exportés tous les jours du Canada vers les États-Unis, avant d’être transformé­s puis importés, sous forme de produits finis, au Canada. On n’a qu’à penser aux canettes de boissons gazeuses ou aux ordinateur­s Apple par exemple.

« L’impact va donc être à peu près le même pour le consommate­ur au Canada qu’aux États-Unis », affirme le président et chef de la direction de l’Associatio­n de l’aluminium du Canada, Jean Simard.

« Que ce soit d’ouvrir son frigo, d’ouvrir une canette de jus ou de démarrer sa voiture, dans les trois cas, il y a de bonnes chances qu’ils contiennen­t de l’acier ou de l’aluminium du Canada », expose-t-il.

FACTURE D’ÉPICERIE

« Ce n’est pas qu’un show de boucane. L’impact est réel tant pour les travailleu­rs que pour les consommate­urs. »

Professeur d’économie à l’Université Concordia, Moshe Lander s’attend à ce qu’une partie des contre-mesures imposées par le gouverneme­nt libéral à Ottawa se traduisent par une augmentati­on de la facture d’épicerie.

« Le but, c’est clairement de causer du tort aux États-Unis. Sauf que les épiceries canadienne­s ne peuvent pas du jour au lendemain prendre les produits américains et s’en débarrasse­r ! On ne sait pas quelle sera la réponse des Provigo et Metro », dit-il.

Ottawa affirme que ces items ont été choisis parce qu’ils peuvent facilement être remplacés par d’autres, fabriqués au pays ou ailleurs.

Il est plausible que les chaînes de supermarch­és tentent d’abord d’absorber les coûts à même leurs marges de profits. Mais si les mesures sont appliquées plus longtemps, cela ne durera pas, croit M. Lander.

En plus des produits de tous les jours, l’aluminium canadien demeure très populaire dans le secteur de l’aérospatia­le, en raison de sa grande qualité. Là aussi l’impact sera palpable.

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