Ces produits coûteront plus cher
Dès le 1er juillet le Canada compte imposer une surtaxe sur une centaine d’items importés des États-Unis
C’est le consommateur canadien qui écopera de la nouvelle guerre commerciale que se livrent Washington et Ottawa, qui ont promis hier d’imposer des surtaxes sur les produits d’acier, d’aluminium et de nombreux autres.
Le premier ministre Justin Trudeau a répliqué avec force à l’imposition par les Américains de tarifs additionnels de 25 % sur l’acier canadien et de 10 % en ce qui a trait à l’aluminium, dont 90 % de la production canadienne provient du Québec.
Des surtaxes semblables ont aussi été appliquées aux exportations d’acier et d’aluminium de l’Union européenne et du Mexique par le président des ÉtatsUnis, Donald Trump, qui cite notamment des raisons de sécurité pour justifier ce coup d’éclat.
En réponse, M. Trudeau a dévoilé une liste de plusieurs dizaines de produits américains qui se verront accoler une surtaxe dès le 1er juillet, à moins que M. Trump ne revienne sur sa décision.
Il s’agit de produits à base d’acier américain, mais aussi de nombreux autres, comme la moutarde, la pizza ou le café produits aux États-Unis.
Ces contre-mesures sont évaluées à 16,6 milliards $ par Ottawa, soit l’équivalent des exportations canadiennes visées par les nouveaux tarifs américains.
TRIPLEMENT PÉNALISÉ
De nombreuses petites et les moyennes entreprises, tant américaines que canadiennes, risquent d’écoper en raison de l’augmentation rapide des prix. Pareil pour les employés des grandes alumineries québécoises, pour qui les débouchés à l’extérieur des États-Unis sont incertains.
Le consommateur, tant au nord qu’au sud de la frontière, pourrait toutefois être la principale victime.
Pourquoi ? Parce que l’aluminium et l’acier sont exportés tous les jours du Canada vers les États-Unis, avant d’être transformés puis importés, sous forme de produits finis, au Canada. On n’a qu’à penser aux canettes de boissons gazeuses ou aux ordinateurs Apple par exemple.
« L’impact va donc être à peu près le même pour le consommateur au Canada qu’aux États-Unis », affirme le président et chef de la direction de l’Association de l’aluminium du Canada, Jean Simard.
« Que ce soit d’ouvrir son frigo, d’ouvrir une canette de jus ou de démarrer sa voiture, dans les trois cas, il y a de bonnes chances qu’ils contiennent de l’acier ou de l’aluminium du Canada », expose-t-il.
FACTURE D’ÉPICERIE
« Ce n’est pas qu’un show de boucane. L’impact est réel tant pour les travailleurs que pour les consommateurs. »
Professeur d’économie à l’Université Concordia, Moshe Lander s’attend à ce qu’une partie des contre-mesures imposées par le gouvernement libéral à Ottawa se traduisent par une augmentation de la facture d’épicerie.
« Le but, c’est clairement de causer du tort aux États-Unis. Sauf que les épiceries canadiennes ne peuvent pas du jour au lendemain prendre les produits américains et s’en débarrasser ! On ne sait pas quelle sera la réponse des Provigo et Metro », dit-il.
Ottawa affirme que ces items ont été choisis parce qu’ils peuvent facilement être remplacés par d’autres, fabriqués au pays ou ailleurs.
Il est plausible que les chaînes de supermarchés tentent d’abord d’absorber les coûts à même leurs marges de profits. Mais si les mesures sont appliquées plus longtemps, cela ne durera pas, croit M. Lander.
En plus des produits de tous les jours, l’aluminium canadien demeure très populaire dans le secteur de l’aérospatiale, en raison de sa grande qualité. Là aussi l’impact sera palpable.