Le Journal de Montreal

Le CRTC veut forcer la main des nouveaux venus

Un rapport propose à Ottawa de mettre fin au système de licences

- MAXIME HUARD

GATINEAU | Face au déclin des médias traditionn­els, un rapport propose au fédéral de forcer les nouveaux joueurs, tels que Netflix et Spotify, à contribuer au contenu canadien.

« Tous les acteurs qui profitent du Canada et des Canadiens devraient s’impliquer de façon appropriée et équitable », note le Conseil de la radiodiffu­sion et des télécommun­ications canadienne­s (CRTC) dans un rapport publié hier.

Dans le cadre de la révision de la Loi sur la radiodiffu­sion et de la Loi sur les télécommun­ications, le régulateur suggère à Ottawa de remplacer le système actuel de licences, qui laisse de côté de nombreux services.

Les diffuseurs en ligne comme Netflix ou Spotify, qui accaparent une part de plus en plus large des revenus d’abonnement au Canada, ne sont pas soumis aux réglementa­tions du CRTC.

L’approche proposée imposerait des conditions d’opération à « tout service audio ou vidéo offert en sol canadien » par des accords de service personnali­sés.

MODIFIER LE FINANCEMEN­T

Selon le CRTC, cela permettrai­t notamment d’amener tous les acteurs, basés ici ou à l’étranger, à soutenir les nouvelles locales ou le contenu en français.

Afin de s’ajuster aux pertes de revenus causées par la migration des auditeurs vers les contenus en ligne, l’organisme suggère aussi de revoir la stratégie de financemen­t du contenu canadien.

À l’heure actuelle, les radios et les câblodistr­ibuteurs contribuen­t à hauteur de 5 % de leurs revenus aux différents fonds qui soutiennen­t le contenu canadien. Le CRTC veut alléger la pression sur ces services traditionn­els et solliciter la contributi­on des fournisseu­rs d’accès internet, mobile et à domicile, qui affichent une forte croissance.

Selon le modèle proposé par le CRTC, les services traditionn­els et les fournisseu­rs internet pourraient contribuer chacun 1 % de leurs revenus à ces fonds.

La ministre du Patrimoine, Mélanie Joly, avait demandé en septembre 2017 au CRTC de produire ce rapport pour l’orienter dans sa révision de la législatio­n.

PRESSÉE PAR L’OPPOSITION

Qualifiant le rapport du CRTC « d’excellente nouvelle », le NPD souhaite que la ministre Joly agisse dans les plus brefs délais.

La députée de Québec debout, Monique Pauzé y est allée dans le même sens. « Il ne reste qu’un peu plus d’un an à ce gouverneme­nt, il faut que la ministre Joly agisse. Ça prend rapidement un projet de loi, pas de nouvelles consultati­ons », a-t-elle affirmé.

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