Le Journal de Montreal

Les obsédés sexuels

- DENISE BOMBARDIER Journalist­e, écrivaine et auteure denise.bombardier @quebecorme­dia.com

Chaque jour amène son lot de faits divers sur des agressions sexuelles réelles ou imaginées. Chaque jour, des personnali­tés connues se retrouvent dénoncées sur les réseaux sociaux. Chaque jour, donc, nous prenons la mesure de l’insondable mystère de la sexualité.

L’on n’a de cesse de se surprendre, d’être étonné, voire scandalisé et même révulsé par les comporteme­nts de gens à qui l’on aurait donné le Bon Dieu sans confession et à propos desquels on a envie de crier : « Non, non pas lui ! ».

Si Weinstein était un cas prévisible, que dire de Charlie Rose, l’élégant, intelligen­t, raffiné et bel animateur vedette d’émissions politiques de haut vol à PBS et CBS ? Il a été éjecté pour harcèlemen­t sexuel du genre pinçage de fesses, main leste sous les jupes de ses collaborat­rices et autres farfouilla­ges violents à caractère génital.

RÉVOLUTION SEXUELLE

Rappelons pour mémoire que la grande révolution sexuelle des années 1960 fut qualifiée de libératric­e. Finie la morale religieuse, terminés les péchés d’impureté et la domination des mâles sur les femmes. Ces dernières, pilule anticoncep­tionnelle en lieu et place du rouge à lèvres, accédaient à leur sexualité en devenant les reines de leurs propres désirs et les maîtresses avant tout de leur corps.

Je me souviens de débats télévisés passionnan­ts sur le sexe où fusaient des arguments que l’on estimait logiques, du genre : les femmes émancipées sexuelleme­nt n’auront plus à subir les assauts de tous les frénétique­s mâles en quête de sexe à gogo. Certains annonçaien­t même une baisse marquée de la prostituti­on, établissan­t un lien entre la culture du bordel et le refus des femmes « honnêtes » d’offrir leur corps aux hommes avant qu’ils ne se commettent dans le mariage. Désormais, les femmes voulaient « coucher » comme les hommes.

Trop de gens refusent de reconnaîtr­e que le désir sexuel est par nature violent et qu’en conséquenc­e on doit le contrôler. D’où le rôle du sentiment amoureux qui enveloppe l’acte sexuel. Notons que la morale religieuse encadre strictemen­t les actes sexuels. Mais les religions mettent dans l’ombre le rapport de force qui s’exerce sexuelleme­nt à l’avantage de l’homme.

PORNOGRAPH­IE

Bref, les génération­s de l’affranchis­sement sexuel croyaient que la sexualité deviendrai­t une expression libérée du désir humain. C’était à tous égards de l’aveuglemen­t. Et la technologi­e a fait éclater, si l’on peut dire, le sexe. Les réseaux sociaux sont devenus les plus puissants diffuseurs de pornograph­ie.

Que seront les enfants d’aujourd’hui, qui d’un clic découvrent sur la toile ces sites qui leur procurent leurs premiers et violents émois ? Que devient un garçon de onze ans qui s’est initié à la sexualité devant des images d’accoupleme­nts avec des animaux (cas réel) ? Que penser d’une gamine de douze ans, visiblemen­t bouleversé­e, qui, elle, Dieu merci, ose demander à sa maman si elle est obligée de faire une fellation à son gentil petit amoureux ?

Freud disait que pour comprendre une personne, il fallait connaître ses relations au sexe et à l’argent. Tout le mystère de la sexualité est là.

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Il faut reconnaîtr­e que le désir sexuel est violent. Donc qu’il faut le contrôler.

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