Le Journal de Montreal

Le court maudit

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PARIS | En prenant place dans la section réservée aux médias près du court numéro 1, surnommé le « Bull Ring », avant le match entre Denis Shapovalov et Maximilian Marterer hier, le collègue Mark Masters, de TSN, m’a fait remarquer que ce n’était pas de bon augure.

« C’est sur ce court que Félix Auger-Aliassime a subi une défaite crève-coeur en finale du simple masculin chez les juniors en 2016 et sur lequel Milos Raonic a laissé échapper une victoire en cinq manches l’an dernier en huitième de finale… »

J’ai vérifié et la mémoire de Mark n’a pas fait défaut. Félix était venu à un cheveu près de devenir le premier joueur canadien de l’histoire à être couronné champion junior à Roland-Garros, s’inclinant 8-6 dans la manche décisive en finale, tandis que Milos a perdu la cinquième manche d’un duel de 4 h 18 min contre Pablo Carrena Busta, 8-6, l’an dernier au quatrième tour.

« C’ÉTAIT L’UN DE CES JOURS OÙ ÇA FONCTIONNA­IT MOINS BIEN POUR MOI. »

Sur ce court maudit, qui sera d’ailleurs détruit dans un avenir rapproché pour faire place à des espaces verts, on peut écrire que Shapovalov a frappé un mur, Marterer l’emportant au bout de 3 h et 11 min de combat, 5-7, 7-6 (4), 7-5 et 6-4.

82 FAUTES DIRECTES

L’Ontarien de 19 ans s’est montré erratique, commettant un total de 82 fautes directes et 11 doubles fautes. Il ne misait pas sur ses meilleures armes pour cette guerre d’usure et il a souligné avoir été déjoué plusieurs fois par des bonds capricieux sur la terre battue.

« Je me sentais bien au début de la rencontre, mais j’en ai ensuite arraché avec mes services, a analysé Shapovalov en conférence de presse. Ç’a été la différence dans le match, car les services de Marterer étaient vraiment efficaces. Il a su enregistre­r les gros points alors que j’ai laissé filer de belles occasions à chaque manche. J’avais de la difficulté à retourner ses balles. Elles étaient lourdes. Le mérite revient à mon adversaire. Je crois que ce gars-là peut se rendre loin dans le tournoi. »

Il n’y a pas qu’au Canada qu’on sait développer de jeunes joueurs de tennis formatés pour le succès. Les Allemands connaissen­t eux aussi la recette.

Il y a bien sûr le spectacula­ire Alexander Zverev, 21 ans, troisième joueur mondial, mais ce Marterer, 22 ans, est loin d’être piqué des vers.

PAS TROP FÂCHÉ

Bien entendu, Shapovalov était déçu d’avoir perdu, lui qui partait favori dans cette rencontre en vertu de sa 25e place mondiale, comparativ­ement à une 70e position au classement de l’ATP pour Marterer.

« C’est dommage parce qu’il avait très bien amorcé le match », a dit en grimaçant son entraîneur Martin Laurendeau.

On n’a toutefois pas senti que Shapovalov était frustré outre mesure d’avoir vu son parcours prendre fin au deuxième tour à Roland-Garros.

Il a une bonne tête sur les épaules et il est réaliste. Il sait que son apprentiss­age sur la terre battue ne fait que commencer. Il sera assurément plus aguerri l’an prochain.

Shapovalov peut se consoler avec une bourse de 79 000 euros (120 000 $ CAN) pour avoir atteint le second tour, en plus d’avoir acquis de bons points au classement.

« Je ne peux pas être trop fâché, a-t-il résumé. Il est certain que j’aurais aimé atteindre les demi-finales, comme ç’a été le cas à Madrid. Je n’ai toutefois que 19 ans et ça ne peut pas se produire à chaque tournoi », a indiqué Shapovalov.

« C’était l’un de ces jours où ça fonctionna­it moins bien pour moi. C’est encore tout nouveau dans mon cas de disputer des matchs 3 de 5 sur terre battue. Je dois apprendre à être patient.

« De plus, je n’ai pas souvent affronté des joueurs gauchers et Marterer m’a surpris avec certains de ses coups. Il aurait fallu que mes services soient meilleurs pour parvenir à le battre. J’ai bien aimé mon parcours sur la terre battue et j’ai déjà hâte de revivre l’expérience l’an prochain. »

LE GAZON, MAINTENANT

Après quelques jours de repos en Europe, Shapovalov mettra le cap sur Stuggart, en Allemagne, pour participer la semaine prochaine au premier tournoi de la saison sur gazon, qui débutera le 11 juin. Londres suivra.

« J’ai hâte de jouer sur le gazon, une surface qui convient très bien à mon style de jeu, a-t-il commenté. Ça me permet d’y aller plus souvent de coups à la volée. C’est l’un des moments les plus agréables de l’année. Et c’est encouragea­nt de constater que j’ai complété la saison sur terre battue en excellente forme physique, sans aucun malaise. »

« J’aime regarder des vidéos de matchs mettant en vedette des joueurs comme Pete Sampras, a-t-il raconté récemment. L’une de mes vidéos favorites est celle de la victoire de Daniel Nestor contre Stefan Edberg lors d’un match de la Coupe Davis en 1992 à Vancouver. Lorsqu’il a remporté la victoire, il n’a affiché aucune réaction, étant surpris d’avoir gagné. Si ça m’était arrivé, je serais devenu fou de joie. »

Shapovalov, qui a vu le jour en Israël mais qui a grandi à Richmond Hill, en Ontario, parle quelques mots de français à l’occasion. Il promet de l’apprendre au fil des ans, lui qui parle déjà une deuxième langue, soit le russe. Sa mère Tessa est originaire de l’ancienne Union soviétique.

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PHOTO AFP Comme Félix Auger-Aliassime et Milos Raonic avant lui, Denis Shapovalov s’est incliné sur le court numéro 1.
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PHOTO D’ARCHIVES Denis Shapovalov aime regarder des vidéos d’ex-grands joueurs comme Sampras. Pete

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