Cette écluse tue encore
Le canal de Soulanges a été le théâtre d’un troisième plongeon mortel en trois ans
Célestin Owona Otele, 22 ans, est la troisième personne en trois ans à faire un plongeon mortel aux écluses de Pointe-des-Cascades.
Un étudiant français est devenu la troisième personne en trois ans à faire un plongeon mortel dans les eaux d’une l’écluse désaffectée d’un village de la Montérégie.
Le corps de Célestin Owona Otele a été repêché hier midi à la sortie du canal de Soulanges à Pointe-des-Cascades où il avait sombré la veille. Le jeune homme de 22 ans avait été invité par quatre amis à aller plonger à cet endroit — même si la baignade y est interdite — vendredi soir.
« On a sauté ensemble [un saut d’environ 10 pieds], a confié un de ses compagnons qui a préféré taire son nom. Il ne savait pas très bien nager. Il s’est accroché à moi dans l’eau. »
En constatant qu’ils étaient en difficulté, deux de leurs accompagnateurs se sont jetés à l’eau pour les secourir.
« On ne voyait rien, on ne pouvait rien faire », poursuit son camarade visiblement sous le choc.
Ils ont rapidement appelé les services d’urgence, vers 23 h, et des recherches ont été entreprises avant d’être suspendues en raison de la noirceur.
Le corps de l’étudiant en économie de l’Université Laval à Québec a finalement été localisé vers 12 h 20 par les policiers de la Sûreté du Québec sous le regard défait de ses amis.
D’origine camerounaise, il a grandi et vécu en France jusqu’à il y a deux ans quand il a décidé de venir étudier au Canada.
« Il restait chez moi pour les vacances, raconte Stéphane, un ami de la famille. Si on avait su qu’il s’en venait ici avec ses amis, on aurait dit un mot [pour l’aviser du danger]. »
Le père de Célestin Owona Otele qui demeure en France a mentionné que le jeune homme était la « locomotive de la famille ».
« Il avait des plans pour son père et ses deux jeunes frères. Il était sur le bon chemin », ajoute Stéphane.
DÉJÀ DES RECOMMANDATIONS
Au moins deux coroners ont souligné les lacunes de sécurité au ministère des Transports (MTQ), propriétaire des écluses du canal de Soulanges, qui a été fermé à la navigation en 1959.
En 2004, un ado de 15 ans avait perdu la vie au même endroit. Dans son rapport, le coroner avait rappelé qu’« il n’y avait aucun équipement de sécurité aquatique, aucune clôture pour empêcher l’accès, ni de surveillance. »
Seules des pancartes interdisant la baignade, une recommandation faite en 1999 à la suite d’un autre décès, étaient présentes. Le coroner avait notamment demandé l’installation de clôtures barbelées et de caméras de surveillance pour dissuader les baigneurs.
FACILE D’ACCÈS
« Dans le passé, il y a eu quelques clôtures pour empêcher les gens de traverser sur les portes [des écluses] et de tomber, mais pour le reste, on est en discussions avec le MTQ pour essayer d’améliorer la chose », a indiqué Gilles Santerre, le maire de Pointe-des-Cascades à TVA Nouvelles.
Les barrières ont toutefois été vandalisées et l’accès général au canal reste facile. Dans les deux dernières années, deux autres décès sont survenus aux écluses.
Plusieurs citoyens qui fréquentent l’endroit ont d’ailleurs déploré le manque de sécurité autour du plan d’eau qui donne sur le fleuve Saint-Laurent.
« Les jeunes vont faire le party là le soir, constate Patrick McLaine, un plaisancier. Il n’y a aucune surveillance ou presque. C’est vraiment dangereux. »