Le Journal de Montreal

Maudit été

- LISE RAVARY e Blogueuse au Journal Communicat­rice, journalist­e et chroniqueu­se lise.ravary@quebecorme­dia.com @liseravary

Dans la vie, il y a des choses plus importante­s que les élections, les signes religieux et même l’économie. Il y a la météo. Comme il a fait très chaud ces derniers jours, j’ai besoin de parler.

J’ha-guis l’été. Voilà. Comme Dominique Michel ha-guit l’hiver. Ha-guir comme dans haïr, détester, exécrer, abhorrer, abominer et maudire. L’été m’écrapoutit.

Je ne suis pas la seule, mais peu osent avouer leur aversion pour l’été. Comment peut-on détester l’été après un hiver comme celui qu’on a connu ?

Comment ne pas aimer ce temps de l’année où on sort le BBQ, la trampoline, les sceaux de cire à la citronnell­e, le OFF en poush poush, le jeu de fers à cheval, et de badminton, et les satanés meubles de jardin toujours sales, à moins de les couvrir tous les soirs.

Tiens, je viens de voir une housse pour une chaise de patio à 79,99 $

Le outdooring, c’est pour les millionnai­res. MAUDIT OUTDOORING

Qu’on m’explique cet engouement pour des meubles d’extérieur faits en Chine qui coûtent la peau des fesses (un canapé outdooring coûte plus cher qu’un canapé de salon). Aujourd’hui, les gens paient 399,99 $ pour une chaise longue. Sans le coussin. Ni la housse.

Depuis quelques années, la mode est au foyer extérieur. Quoi, il ne fait pas assez chaud ?

Parlons-en de la chaleur. L’été, j’ai l’air d’une « moppe » mal essorée. La sueur me coule dans le cou, sur le front, dans le dos, dans les yeux. Impossible de me maquiller. Que dire des cheveux : une talle de frisous sauvages.

Les vêtements d’été, quel casse-tête. J’ai passé l’âge des shorts, des bretelles spaghetti et des robes soleil.

Je suis déchirée : exposer mes bras de bingo ou suer comme une baleine échouée ? En janvier, on ne se pose pas ces questions-là.

Manteau, tuque, bottes et mitaines : tout le monde est moche ! MAUDITES GUÊPES

Je regarde mon chéri, qui adore les grosses chaleurs, heureux comme un prince et frais comme un concombre, même en plein soleil, en train de construire une terrasse où je ne mettrai jamais les pieds.

« Justement, avec une terrasse, vous pourrez manger dehors », me direz-vous. Moi, partager mon hamburger avec une famille de guêpes affamées ?

Et j’ai compris pourquoi je n’aimerais jamais jardiner le jour où une lectrice de Châtelaine m’a dit : « Jardiner ? C’est faire le ménage dehors ».

Je travaille tout l’été, mais la chaleur m’empêche de réfléchir, alors j’ai installé mon bureau dans le sous-sol, frais en permanence.

Mais j’ai quand même près de moi un ventilateu­r turquoise vintage, au cas où le thermomètr­e dépasserai­t 15 degrés Celsius.

En auto, j’ai trouvé l’astuce anti-chaleur parfaite : j’ouvre toutes les fenêtres, le toit et je mets la climatisat­ion au max. Formidable, pas écologique et cher quand l’essence est à 1,44 $. Mais il faut ce qu’il faut.

Et puis il y a Miss Harley. Mon bonheur d’été sur deux roues.

Je serai franche. Moi aussi j’aimerais aimer l’été comme tout le monde. Je vous envie ce bonheur.

Le mien devra attendre décembre.

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