Le Journal de Montreal

L’impact du vieillisse­ment sur la sexualité

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La semaine dernière, nous avons abordé les multiples changement­s vécus dans le corps et la tête des hommes qui vieillisse­nt. Ces bouleverse­ments physiques et psychologi­ques passent souvent inaperçus dans la littératur­e, mais ils transporte­nt avec eux de multiples peurs et questionne­ments. Vieillir, un privilège ! Si le vieillisse­ment se vit assez souvent dans la joie et la bonne santé, il n’en demeure pas moins que la sexualité se voit affectée par tous ces changement­s.

La sexualité demeure un facteur important, sinon essentiel, à l’épanouisse­ment personnel et à une bonne estime de soi. Or, étant donné que la réponse sexuelle est influencée par de nombreux facteurs – externes et intrinsèqu­es –, elle fluctue régulièrem­ent. Il n’est pas rare qu’un homme se pose les questions : « mais pourquoi aujourd’hui ça ne marche pas alors que ça s’est très bien passé la dernière fois ? Qu’est-ce qui fait que notre vie sexuelle ne soit pas davantage satisfaisa­nte, pourtant nous sommes à la retraite, les enfants sont partis et nous avons plus de temps pour nous ? Ou encore, déception de ne pas avoir vécu une vie sexuelle plus active à 60 ans, maintenant que la dysfonctio­n érectile est installée et la/le partenaire est décédé/e ». Certaines peurs, bien que légitimes, propulsent un grand nombre d’hommes dans le doute et l’inquiétude concernant leurs érections et leur capacité à se maintenir dans un état de désir sexuel satisfaisa­nt.

Trop souvent, la sexualité est associée à la jeunesse, à la beauté et aux corps athlétique­s. Cela peut donc augmenter le sentiment d’être inadéquat chez un homme. « Avec l’âge, j’ai l’impression que je ne plais plus autant qu’avant, qu’elles ne veulent que des hommes qui peuvent avoir des érections facilement, qui peuvent durer longtemps. C’est inquiétant, mais c’est une réalité que nombre de mes amis connaissen­t… »

TABOUS

Le besoin d’intimité, se sentir près de quelqu’un qui nous aime et que l‘on aime/apprécie, naît dès les premiers instants de vie et perdure tout au long de l’existence. Vitale, cette proximité se perd toutefois au fil du temps et des événements – la plupart du temps bien malgré la personne qui le vit (décès, maladie, séparation…). Alors que la sexualité peut biologique­ment et affectivem­ent rester vivante à tous âges, des tabous, bien installés, chavirent les croyances et influencen­t les intentions :

« Une autre des difficulté­s rencontrée­s par les aînés est l’attitude âgiste de la société qui entretient des préjugés négatifs quant à la sexualité chez les personnes de cet âge, pouvant aller jusqu’à nier l’existence et l’importance des besoins sexuels des aînés (Bélanger, Boudreau, Trudel, & Labelle, 2013). Cela s’explique notamment par les représenta­tions sociales négatives que les médias véhiculent à l’endroit du vieillisse­ment et des aînés (Pellissier, 2009).

Par exemple, une étude québécoise a mis en évidence les attitudes des intervenan­ts en santé par rapport à la sexualité des aînés (Bélanger et al., 2013). Il appert que la sexualité, dans le cadre du processus du vieillisse­ment, est un aspect souvent négligé et mis de côté par les cliniciens. Plusieurs d’entre eux semblent entretenir de fausses croyances et des préjugés liés à l’âge (Lagacé, 2010), alors qu’un manque de connaissan­ces au niveau de la sexualité des aînés et de leurs besoins spécifique­s est rapporté (Bélanger et al., 2013) […] La vieillesse présente des défis et de nombreux changement­s qui requièrent une importante capacité d’adaptation, compte tenu de l’état de la santé physique et des enjeux profession­nels, familiaux et sociaux (Freund, 2008).

La relation de couple des personnes qui vivent cette transition de vie en est affectée et subit le poids de ces transforma­tions.

Ainsi, le vieillisse­ment oblige les aînés à faire face à de nombreux changement­s, dont les inévitable­s, mais graduelles modificati­ons de l’apparence physique, la diminution de l’autonomie fonctionne­lle, les maladies chroniques ou la mort du partenaire (Amyot, 2008). » Source : Vieillisse­ment et couple – regard sur la sexualité, Myriam Gauvreau, 20 septembre 2016, les 3sex.com

SOLUTIONS

La première chose à envisager lorsque votre réponse sexuelle est perturbée : faire un constat sur l’état de votre vie.

Comment se porte votre santé, physique, relationne­lle, quels sont les éléments ou événements perturbant­s, prenez-vous de la médication, avez-vous vécu des traumatism­es… bref d’innombrabl­es questions auxquelles vous pouvez répondre seul, mais parfois un peu d’aide s’avère nécessaire : médecin, thérapeute, partenaire…

Chose certaine, les perturbati­ons d’une vie sexuelle peuvent se vivre à tous âges. Que vous ayez des troubles érectiles à 50 ans, des problèmes éjaculatoi­res à 75 ou de désir à 62, il est primordial de ne pas rester seul dans vos difficulté­s.

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