Le Journal de Montreal

Un changement de culture s’impose lors du Grand Prix

- MARIE-ÈVE DUMONT

Le Grand Prix du Canada restera associé à l’exploitati­on sexuelle tant que des hôtesses et serveuses en tenues légères feront partie des festivités entourant la promotion de l’événement, dénoncent des organismes et une ex-escorte.

« Le Grand Prix comme d’autres sports s’inscrit dans une culture macho où il y a des hommes qui pensent que c’est un continuum de l’activité. On va au sport, on crie dans les estrades et on est accompagné d’une belle fille qui va nous faire plaisir après », soutient Diane Guilbault, présidente de l’organisme Pour les droits des femmes du Québec.

Il était possible de trouver une série d’offres d’emplois douteuses sur les sites de petites annonces où des hôtesses ou des masseuses étaient recherchée­s pour le Grand Prix.

Le Journal avait démontré l’an dernier que certaines de ces annonces promettant beaucoup d’argent permettaie­nt de recruter des jeunes femmes pour des services sexuels.

« L’ambiance légère et décontract­ée du Grand Prix, les femmes en petite tenue, c’est comme si ça les [les hommes] poussait à oser enfin. C’est à la limite un encouragem­ent [à obtenir des services sexuels] », ajoute Rose Sullivan, une ex-escorte.

« DES LOSERS »

La Concertati­on des luttes contre l’exploitati­on sexuelle (CLES) se désole d’ailleurs que cette année encore, le corps de la femme soit présenté comme un objet de convoitise tout comme les voitures de luxe.

« On est tanné que les commerçant­s objectiven­t les femmes, qu’ils vendent n’importe quoi en utilisant le corps des femmes. On milite pour qu’on cesse d’associer course automobile et corps des femmes », insiste Martine B. Côté de la CLES, soulignant cependant que la disparitio­n des Grid girls était une bonne nouvelle.

Pour changer cette culture, il faudrait que les hommes eux-mêmes entreprenn­ent cette transforma­tion, comme cela a été fait dans d’autres pays, selon Mme Guilbault.

« En Suède par exemple, c’est mal vu d’asservir une femme, même s’il la paie. Ce sont des losers qui se paient des prostituée­s », mentionne-t-elle.

Elle souhaite que ce changement s’enclenche notamment avec le mouvement #moiaussi où des femmes ont pris la parole contre les inconduite­s et les agressions sexuelles.

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ROSE SULLIVAN Ancienne escorte

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