Le Journal de Montreal

Le Canada s’opposera au retour de la Russie au G7

Ce pays s’attaque « à nos démocratie­s », selon la ministre Chrystia Freeland

- CHARLES LECAVALIER

QUÉBEC | Le Canada s’opposera à la réintégrat­ion de la Russie dans le G7 parce qu’elle « s’attaque à nos démocratie­s », même s’il s’agit d’une demande du président américain Donald Trump.

« La position canadienne est claire. Il n’y a pas de motif à l’heure actuelle, étant donné le comporteme­nt de la Russie, pour que ce pays réintègre le giron du G7 », a affirmé la ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, hier à La Malbaie.

À quelques heures du début du sommet dans Charlevoix, Donald Trump a appelé les membres de ce groupe à réintégrer la Russie, expulsée après son annexion de la Crimée, un territoire ukrainien, en 2014.

« Ils ont expulsé la Russie, ils devraient réintégrer la Russie », a déclaré Donald Trump alors qu’il était toujours à la Maison-Blanche. « Ce n’est pas politiquem­ent correct, mais nous avons un monde à diriger. Ils devraient laisser la Russie revenir », a-t-il dit.

IDÉE EXCLUE D’AVANCE

Pour le Canada, cette idée est exclue d’avance puisque rien n’a changé depuis l’annexion illégale de la Crimée en 2014. Mme Freeland a ajouté que la Russie continuait « d’attaquer nos démocratie­s » en donnant pour exemple l’attaque de Salisbury, où l’ancien espion russe Sergueï Skripal et sa fille ont été empoisonné­s avec un agent neurotoxiq­ue de conception soviétique. Elle rappelle qu’en avril, les États-Unis ont signé une déclaratio­n commune pour dénoncer l’attaque.

Le président Trump a toutefois un allié, Giuseppe Conte, le nouveau chef du gouverneme­nt populiste italien. M. Conte a indiqué qu’il était d’accord avec le pré- sident des États-Unis, ajoutant qu’il serait « dans l’intérêt de tous » de voir la Russie de retour dans les bonnes grâces du G7.

SURPRENANT

Pour Jonathan Paquin, professeur titulaire au départemen­t de science politique de l’Université Laval et directeur de la revue Études internatio­nales, il serait très surprenant de voir la Russie revenir au G7, qui deviendrai­t G8, dans un avenir rapproché.

« N’y pensez pas. Les relations internatio­nales sont très complexes et truffées de surprises, mais je serais très surpris que la Russie soit présente au G7 de 2019 en France », a-t-il indiqué.

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