La colère des peuples

Il va falloir s’y faire, les sondages se plantent souvent. Ils s’étaient trompés au moment du Brexit, en 2016, puis au moment de l’élection de Donald Trump, la même année. Ils viennent encore de se tromper en Ontario.

FORD

Au début de la campagne, on annonçait une victoire écrasante du Parti conservateur de Doug Ford. Cela ne faisait pas l’affaire du commentariat progressiste. Il s’est enthousiasmé lorsque les sondages se sont mis à annoncer une remontée exceptionnelle du NPD pendant une partie de la campagne. Ford, le populiste, serait stoppé. Il faut dire que les médias aiment les élections à rebondissements, pleines de surprises, quitte à les inventer un peu ou à surligner au marqueur jaune ce qu’ils considèrent comme une bonne nouvelle.

Puis, avant-hier, les résultats sont tombés. Les conservateurs ont pris le pouvoir avec un gouvernement nettement majoritaire. Alors tout le monde se pose naturellement la question : pourquoi les sondages se sont-ils trompés ? Les sondeurs ont-ils même voulu nous tromper ? Ou se sont-ils trompés eux-mêmes ?

Évitons tout complotisme. Les sondeurs ne cherchent pas à nous manipuler, ce qui ne veut pas dire qu’ils n’ont pas d’agenda idéologique. Il n’existe pas de neutralité absolue en ce monde. Selon qu’on présente la réalité sous un angle ou sous un autre, elle nous apparaîtra différemment, peut-être même de manière contradictoire.

Voyons plus largement : l’analyse politique peine souvent à comprendre la colère des peuples, comme si elle ne comprenait plus les passions qui les remuent en profondeur.

POLITIQUEMENT CORRECT

Une chose leur échappe, soit le divorce entre les élites médiatiques politiquement correctes et le commun des mortels. Nous n’avons pas assez étudié à quel point le politiquement correct exaspère les peuples. L’élection de Doug Ford devrait nous convaincre de nous y intéresser. Cette carte, qu’il a jouée en versant dans l’outrance, l’a fait gagner.