Le Journal de Montreal

Déjà un échec

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Avant même de commencer, la réunion du G7 à Charlevoix les 8 et 9 juin s’avérait être un échec. Au coût de plus de 600 millions $, le Canada s’y affirmera comme un État policier où tout se passe derrière les clôtures, les barbelés et les bonbonnes de poivre de Cayenne.

Pourquoi ne pas avoir opté plutôt pour la solidarité humaine et décidé d’aider les plus pauvres, notamment de l’Afrique, dont le futur aura un impact sur le nôtre comme on peut le voir dès maintenant ?

Au sommet de Charlevoix, l’Afrique sera discutée à la marge, sinon oubliée ; et pourtant, sa situation actuelle et son avenir devraient nous préoccuper au plus haut point. Selon les projection­s des Nations unies, 40 % de l’humanité sera africaine en 2100, avec 4,5 milliards d’habitants ; le tiers de la population mondiale de 15 à 29 ans en 2050 vivra en Afrique. Comme l’ONU l’a mis en évidence, près de la moitié de la population africaine (550 millions des 1,5 milliard) vit encore dans la pauvreté, dont 380 millions dans l’extrême pauvreté (revenu de moins de 1,90 $ US/jour).

DES DÉFIS ÉNORMES

Bien sûr, l’Afrique a progressé au cours des dernières décennies à la fois économique­ment et sur le plan social avec l’affirmatio­n d’une société civile africaine qui joue un rôle de plus en plus déterminan­t. Mais les défis restent énormes. Près de la moitié des jeunes sont sans emploi ; beaucoup tentent d’émigrer vers l’Europe et maintenant de plus en plus vers l’Amérique, migration irrégulièr­e et fort dangereuse, à la merci d’une mafia de passeurs, mais qui ne risque pas de s’arrêter de sitôt. Ces jeunes deviennent aussi la cible des idéologies extrémiste­s, soit religieuse­s, soit ethniques, qui nourrissen­t les conflits entravant le développem­ent et la vie démocratiq­ue.

Enfin, nous verrons de plus en plus de réfugiés des changement­s climatique­s qui auront un impact sur les pays les plus pauvres, notamment en Afrique. Cet état de fait représente un immense défi éthique et moral non seulement pour l’Afrique et ses dirigeants, mais aussi pour les dirigeants des pays les plus riches de la planète qui seront reçus dans Charlevoix.

UNE OCCASION MANQUÉE

Nous connaisson­s les thèmes que le Canada a mis de l’avant pour le prochain G7 : croissance économique pour tous et réduction des inégalités et de la pauvreté ; les emplois de l’avenir ; égalité des sexes et autonomisa­tion des femmes ; changement­s climatique­s, protection des océans et production d’énergie propre ; un monde plus pacifique et plus sécuritair­e. Tous ces thèmes représente­nt des défis en particulie­r pour l’Afrique et nous pensons que le Canada aurait pu mettre de l’avant une initiative forte pour aider les population­s de ce continent trop souvent oublié à faire face aux défis immenses auxquels elles sont confrontée­s et qui auront un impact majeur sur la planète.

Le développem­ent durable et équitable de la planète ne peut se faire sans une lutte crédible contre l’extrême pauvreté et il en va de l’avenir des population­s africaines et du nôtre que cet enjeu demeure bien haut dans les priorités internatio­nales. Notre premier ministre a manqué une belle occasion d’exercer un leadership éclairé à cet égard. Robert Letendre, Nigel Martin, Yves Pétillon, Mario Renaud, Nicole Saint-Martin, Pierre Véronneau, pour le Groupe de réflexion sur le développem­ent internatio­nal et la coopératio­n (GREDIC), formé d’anciens directeurs d’ONG de développem­ent internatio­nal.

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Au sommet de Charlevoix, l’Afrique sera discutée à la marge, sinon oubliée.

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