Airbus voit grand en Alabama
Le géant européen pourrait y produire jusqu’à 48 avions C Series par année
Une part importante des appareils C Series pourrait être construite aux États-Unis à partir de 2020, a révélé hier Airbus, qui prendra le contrôle de la famille d’avions créée par Bombardier le 1er juillet.
Airbus amorcera l’an prochain la construction d’une deuxième chaîne d’assemblage pour la C Series à Mobile, en Alabama, « afin de servir les clients américains ». C’est Bombardier qui assumera les coûts de cet agrandissement de l’usine existante d’Airbus à Mobile : 300 M$ US.
Philippe Balducchi, le cadre d’Airbus qui présidera aux destinées de la C Series à compter du mois prochain, a indiqué hier au cours d’une téléconférence avec les journalistes que la future chaîne de montage pourrait produire quatre avions par mois.
C’est nettement plus que la cadence de production actuelle à l’usine « principale » de la C Series à Mirabel, qui est inférieure à deux appareils par mois. Sa capacité maximale est de 10 avions par mois, mais Bombardier ne prévoit pas l’atteindre avant au moins 2020.
« Nous nous attendons à remplir les deux lignes d’assemblage (Mirabel et Mobile) aussi vite que possible et ensuite nous verrons si nous avons besoin d’accroître la cadence », a déclaré M. Balducchi.
TRAVAILLEURS QUÉBÉCOIS INQUIETS
Rappelons qu’Airbus a décidé d’installer une chaîne d’assemblage pour les avions C Series aux États-Unis afin de contrer la volonté de Washington d’imposer des tarifs douaniers sur ces appareils, à la demande de Boeing. Le projet de chaîne de production a été maintenu même si la menace des tarifs a été levée, en janvier.
À Mirabel, les travailleurs s’inquiètent des répercussions des futures installations de l’Alabama sur leur gagne-pain.
« Ces craintes-là vont être atténuées à mesure qu’on aura une ligne qui sera à capacité maximale à Mirabel, à un moment donné », a indiqué au Journal le coordonnateur québécois de l’Association internationale des machinistes et des travailleurs de l’aérospatiale, David Chartrand.
TRANSACTION APPROUVÉE
Les autorités gouvernementales ont donné le feu vert à la transaction qui permettra à Airbus d’acquérir 50,01 % de la C Series, aux côtés de Bombardier (31 %) et du gouvernement du Québec (19 %).
Curieusement, le ministre fédéral de l’Innovation, Navdeep Bains, a parlé hier de « l’investissement d’Airbus au Canada » alors que l’entreprise ne déboursera pas un sou pour mettre la main sur la C Series.
Bombardier s’est engagé à assumer les pertes et les besoins d’investissement de la gamme d’avions d’ici 2021, et ce, jusqu’à concurrence de 925 M$ US. Au-delà de cette somme, Airbus et Québec devront injecter de nouveaux fonds.
« Je suis très confiant que la C Series contribuera positivement à la trésorerie d’Airbus dans l’avenir », a soutenu hier le chef des finances de l’entreprise, Harald Wilhelm.