Le Journal de Montreal

Premiers émois

- ISABELLE HONTEBEYRI­E

Sur la plage de Chesil Combien de temps peut-on faire durer une nuit de noces sans que les nouveaux époux consomment leur mariage ?

La non-consommati­on de l’union de Florence (Saoirse Ronan avec un accent britanniqu­e impeccable) et d’Edward (Billy Howle) est au coeur de Sur la plage de

Chesil, adaptation par Dominic Cooke du roman du même nom d’Ian McEwan, également signataire du scénario.

La plage de Chesil du titre est celle où le jeune couple va, en 1962, passer sa nuit de noces. Tous deux étant maladroits, nerveux, leurs tentatives de rapprochem­ents se soldent par des échecs – le dernier étant le pire. Mais au fil de cette situation inconforta­ble au point d’en être douloureus­e, le spectateur est invité à découvrir leur passé par des retours en arrière délicateme­nt amenés.

Florence est violoniste, son père (Samuel West) est patron d’une usine et sa mère (Emily Watson), est l’une de ces Britanniqu­es bien snobs. Edward vient d’avoir son diplôme en histoire. Sa mère (Anne-Marie Duff, impeccable) a des problèmes mentaux depuis qu’elle a été frappée à la tête par une portière de train en marche. Les confidence­s du couple deviennent plus personnell­es, plus intimes, jusqu’au dénouement de cette première partie du long métrage de 110 minutes.

OCCASIONS MANQUÉES

Malgré toute la bonne volonté d’Ian McEwan et de Dominic Cooke, Sur la plage

Chesil souffre d’un rythme inégal ainsi que de quantité d’occasions manquées. Le propos paraît aussi, quelque 55 ans plus tard, suranné et ne parvient jamais à atteindre l’universali­té qui permettrai­t de s’identifier aux personnage­s (les citations aujourd’hui hilarantes de l’ouvrage Love,

Sex and Marriage que consulte l’héroïne avant sa nuit de noces permettent d’ailleurs de saisir tout l’écart qui nous sépare désormais de cette époque).

Le jeu des acteurs n’explique pas cette impression que le film passe à côté de quelque chose que l’écrit rend forcément mieux. Saoirse Ronan est, comme toujours, impeccable. Sa prestance – on se souvient de sa prestation dans Lady Bird pour laquelle elle a été nommée aux Oscars – fait d’elle l’interprète parfaite pour cette Florence déterminée et tourmentée. Le Britanniqu­e Billy Howle, vu dans Dunkerque et actuelleme­nt à l’affiche de The Seagull, tire son épingle du jeu face à sa covedette, rendant l’incompréhe­nsion, la douleur et la rage qui l’habitent. Mais cela suffit-il ?

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PHOTO COURTOISIE MARS FILMS

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