Les élections devancent le Grand Prix
Nous sommes venus bien près d’assister à une émission spéciale faisant revivre les plus beaux moments du Grand Prix du Canada tenu en 1978.
C’était il y a 40 ans et l’occasion était belle de profiter du Grand Prix qui se tiendra en fin de semaine pour braquer les projecteurs sur cet événement historique du sport automobile canadien, dont la grande vedette fut nulle autre que Gilles Villeneuve. C’est en 1978, au Grand Prix du Canada, que notre héros national a signé la première victoire de sa carrière au volant d’une Formule 1.
Quel bonhomme sympathique, qui m’avait demandé de le suivre dans le dédale du Château Champlain pour que l’on puisse éviter la horde de journalistes qui lui courait après et faire une entrevue tranquille.
L’idée de l’émission spéciale était de l’animateur Philippe Crépeau, de Radio-Canada, avec qui j’avais collaboré pour retrouver les meilleures images d’une époque où les pilotes étaient facilement accessibles et avec lesquels on pouvait causer, appuyés sur les murs des puits de ravitaillement. Même un Jackie Stewart était toujours prêt à nous raconter ses mésaventures aussi bien que ses triomphes, qui l’ont mené à un triple championnat du monde des pilotes. Je me souviens particulièrement d’une entrevue avec le pilote suisse Joseph Siffert qui, en guise de réponse à ma question sur les raisons de son abandon, m’avait répondu le plus simplement du monde : « Le moteur a pété. » On ne peut être plus clair. Quant au Belge Jacky Ickx, une sortie de piste s’était soldée par une jambe cassée. Et l’année suivante, le sympathique pilote gagna le Grand Prix du Canada disputé à Tremblant, au volant d’une Ferrari, rien de moins. Nous étions en 1969. Joint à sa résidence en Belgique, Jacky Ickx, recordman des 24 Heures du Mans (il a gagné l’épreuve à six reprises), avait même accepté de venir à Montréal raconter ses deux participations au Grand Prix du Canada. Philippe Crépeau et moi étions très heureux d’avoir pu nous assurer de sa présence comme commentateur pour la circonstance. À titre d’anecdote, Jacky Ickx et Jean-Pierre Beltoise de l’écurie française Matra avaient été impressionnés par la qualité et surtout les prix extrêmement avantageux de la fourrure canadienne. J’avais été mandaté pour assurer le transport en France de la précieuse marchandise lors d’un voyage subséquent. Quant au pilote Jacques Lafitte, il s’était tourné vers de la « fourrure » vivante en ramenant chez lui un jeune labrador provenant de chez Mira !
DE 22 À 2 DÉCÈS
Cela dit, les archives de RadioCanada sont extrêmement riches en matériel d’époque et l’émission envisagée eut été un beau souvenir du 40e anniversaire de la course. On y aurait appris notamment que les mesures de sécurité implantées dans les années 1960, 1970 et 1980 avaient permis de réduire le nombre de morts en Formule 1 de 22 à 2 seulement. Incroyable ! Parmi ces morts au « combat », on peut citer François Cevert, Ronnie Peterson, sans oublier Gilles Villeneuve et Ayrton Senna.
Malheureusement, l’acceptation première de Radio-Canada de présenter une émission spéciale sur le Grand Prix a été annulée, faute de budget, celui-ci étant requis pour, devinez quel événement fascinant, les élections.
Lequel des deux événements, croyez-vous, aurait généré les meilleures cotes d’écoute ?
« Même un Jackie Stewart était toujours prêt à nous raconter ses mésaventures aussi bien que ses triomphes qui l’ont mené à un triple championnat du monde des pilotes. »