Le Journal de Montreal

L’HOMME DERRIÈRE LA VOITURE DE SÉCURITÉ

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Pendant que les meilleurs pilotes au monde font la tournée des caméras avant la course qui aura lieu demain au circuit Gilles-Villeneuve, Bernd Mayländer demeure plus effacé. Et pourtant, il s’agit de l’une des figures de proue du monde de la Formule 1.

Mayländer, c’est l’homme qui est responsabl­e de piloter la voiture de sécurité du circuit de Formule 1. Peu importe où la course se déroule dans le monde, il est là, prêt à intervenir à tout moment.

« Depuis l’an 2000, je n’ai raté que quatre Grand Prix », exprime fièrement le pilote allemand, rencontré dans les paddocks montréalai­s, à quelques heures du Grand Prix du Canada.

Au cours des deux dernières décennies, donc, c’est Benrd Mayländer que vous avez vu s’élancer sur la piste quand le besoin s’en faisait sentir. Que ce soit après un accident ou en raison de conditions climatique­s trop dangereuse­s, Mayländer a arpenté les plus prestigieu­x circuits du monde, de Monaco à Melbourne en passant par Montréal.

« Ce n’est pas un travail auquel j’aspirais nécessaire­ment, explique-t-il d’emblée. Je coursais en Formule DTM à l’époque et j’ai reçu un appel de la FIA me proposant ce poste. C’était difficile à refuser ! », poursuit-il.

Faut dire qu’il a une belle feuille de route derrière la cravate, Bernd Mayländer. Juste avant d’entreprend­re sa carrière de pilote de voiture de sécurité, il a notamment remporté les 24 Heures du Nürburgrin­g au volant d’une Porsche 911 GT3-R. « J’ai continué à faire de la course jusqu’en 2005, mais maintenant je me concentre sur mon rôle derrière le volant de la voiture de sécurité. »

UN NOUVEAU BOLIDE EN 2018

Depuis 1996, c’est Mercedes-Benz qui a le mandat de fournir la voiture de sécurité officielle pour le circuit de Formule 1. Et cette année, Bernd Mayländer a un tout nouveau modèle à se mettre sous la dent.

Avec une puissance de 577 chevaux, gracieuset­é d’un moteur V8 biturbo de 4 litres, la Mercedes-AMG GT R n’a rien d’un mouton. Elle peut passer de 0 à 100 km/h en 3,6 secondes et atteindre une vitesse de pointe exceptionn­elle de 318 km/h.

Quand il est appelé sur la piste, Mayländer doit piloter ce bolide de façon sécuritair­e, mais assez rapidement pour éviter que les pneus et les freins des Formule 1 se refroidiss­ent trop.

Avec lui dans la voiture, un copilote s’occupe des communicat­ions radio et des lumières pour bien signaler ce qui se passe à la FIA ainsi qu’aux pilotes qui suivent en file indienne à l’arrière. « C’est comme un cockpit d’avion, là-dedans. C’est bien d’avoir quelqu’un avec moi pour s’occuper de ces choses-là », indique Mayländer.

Parce que, malgré les apparences, la Mercedes-AMG GT R et les talents de Mayländer sont sérieuseme­nt mis à l’épreuve. « Je peux pousser la voiture jusqu’à 95 ou 98 % de ses limites. Évidemment, on ralentit dans la zone de l’accident, mais pour le reste du parcours, je dois aller très rapidement », explique le pilote. En cas de pluie intense, la vitesse est évidemment revue à la baisse sur l’ensemble du parcours.

MONTRÉAL DANS LE COEUR

De passage dans la métropole québécoise, Mayländer en a profité pour exprimer son enthousias­me face à la présence du cirque de la F1 à Montréal. « C’est toujours très spécial, convient-il. On change de continent pour une seule course, et c’est dans une très belle ville. En fait, je ne connais pas un pilote qui n’aime pas venir à Montréal », encense Mayländer, vantant l’ambiance et la proximité du centre-ville par rapport au circuit.

Quand on lui demande s’il y a une course qui l’a marqué durant sa carrière de pilote de voiture de sécurité, c’est d’ailleurs le Circuit Gilles-Villeneuve qui lui vient tout de suite en tête.

« Le Grand Prix du Canada, en 2011, indique-t-il sans hésiter. C’est la plus longue course de l’histoire de la F1, et c’est moi qui l’ai guidée pendant 46 % du temps. Et personne ne m’a donné de trophée ! », lance-t-il en riant.

On se rappelle qu’en 2011, une pluie incessante avait forcé une longue présence de la voiture de sécurité à Montréal. C’est finalement le pilote Jensen Button qui a remporté l’épreuve en effectuant un dépassemen­t au tout dernier tour. « C’était vraiment une course folle », se rappelle Mayländer.

Même s’il semble aimer s’aventurer devant les voitures les plus rapides au monde au volant de sa Mercedes-AMG, Bernd Mayländer rappelle que son implicatio­n dans une course n’est jamais bon signe. « Les meilleures courses, ce sont celles sans la voiture de sécurité », observe-t-il sagement.

On espère qu’il restera dans les paddocks en fin de semaine. Mais s’il a à sortir, les pilotes sont entre bonnes mains.

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