Un vrai Russe ! Un grand capitaine !
J’adore Alexander Ovechkin. J’adore sa façon de jouer au hockey. J’adore son exubérance et son enthousiasme.
Ce que j’ai vu de lui pendant les dernières séries est ce que j’ai vu qui se rapprochait le plus de Maurice Richard.
Pendant des années, j’ai trouvé indécents les propos épais qu’on véhiculait sur lui et surtout sur sa « russitude ». Des pas de coeur qui se sacraient de leur équipe et qui préféraient retourner le plus vite possible jouer aux Championnats du monde.
C’était épais et grossier, mais ça se comprenait. Depuis les années 50 que les médias occidentaux présentent les Soviétiques d’abord puis les Russes comme des attardés sociaux et des robots sans coeur. Jusqu’à la chute du Mur de Berlin et du Rideau de fer, ils étaient des abominables communistes prêts à torturer des enfants pour le KGB. Depuis que le Mur s’est écroulé, on les dépeint comme manipulés et contrôlés par la puissante mafia russe.
Et évidemment Vladimir Poutine qui ne veut pas se coucher à plat ventre devant les généreux Américains et leurs alliés est présenté comme un tyran et un dictateur.
ARRIVE OVI
Moi, les Russes, je les aime. Et ça fait longtemps. Quand les Flyers de Philadelphie s’étaient comportés comme des barbares en affrontant l’Armée Rouge au Spectrum, je n’ai jamais été convaincu que les plus beaux des deux groupes étaient vêtus en jaune orange.
Puis, en 1980, juste avant d’atterrir à Moscou, dans le vol d’Aeroflot que j’avais pris, on a fait jouer le premier mouvement du concerto de piano de Tchaïkovski. Une Russe dans la quarantaine qui revenait chez elle s’était mise à pleurer tellement elle était bouleversée par la musique.
Et je m’étais dit qu’un compositeur capable de créer pareille magie ne pouvait être un barbare.
C’est certain que c’était rigide comme société. Que le KGB était partout. Que mon téléphone était sous écoute. Mais les Ludmilla, Natacha, Alexander, Viktor et tous les autres que j’ai côtoyés à Moscou en 80, puis à St-Petersburg dix ans plus tard, puis à Sotchi et à Moscou il y a quatre ans, avaient tous un côté sensible et émotif avec lequel j’étais capable de me connecter.
Et puis, un peuple qui a donné Tolstoï, Dostoïevski, Gogol à la culture mondiale, est un peuple grand. Même si ses sociétés ne correspondent pas aux modèles occidentaux.
Grand détour pour vous dire que je suis heureux pour Alexander Ovechkin et qu’hier, la presse russe soulignait déjà son exploit et que les tweets étaient nombreux à souligner qu’enfin un capitaine russe serait reçu légalement à la Maison-Blanche.
Quant aux Golden Knights, ils peuvent continuer à rêver encore quelques jours. Ce qu’ils ont accompli au cours de cette épopée fabuleuse restera gravé dans les mémoires et les annales aussi longtemps que les noms gravés sur la Coupe Stanley.
Comme dirait Hi Ha Tremblay, 25 ans… minimum.