Le Journal de Montreal

Aurait-il voulu être un dictateur ?

- JOSEPH joseph.facal@quebecorme­dia.com FACAL

On enfonce une porte ouverte en disant que Trump est grossier, menteur et qu’il se trouve « amazing ».

Ce ne serait que risible s’il n’y avait un côté infiniment plus sombre.

Trump arrive au Sommet du G-7 et traite avec un incroyable mépris Merkel, Macron, May, Abe, Conte et Trudeau.

Il couvre cependant de compliment­s le Chinois Xi Jinping, le Russe Poutine et le Nord-Coréen Kim Jong-un.

Quoi, vous ne voyez pas le problème ?

DESPOTES

Le problème, c’est que les premiers, malgré tous les reproches qu’on peut leur faire, sont des démocrates.

Les seconds sont – choisissez le mot – des autocrates, des despotes, des tyrans.

Pour Trump, les premiers sont faibles, mous, pusillanim­es, désespérém­ent « weak ».

Les seconds sont de formidable­s exemples de « strong

leadership ». Le Chinois Xi Jinping a raffermi la censure et le contrôle du Parti communiste à tous les niveaux.

Le Russe Poutine, ex-agent du KGB, dirige un État dont les services secrets sont lourdement soupçonnés d’avoir assassiné plusieurs opposants : Nemtsov, Berezovsky, Politovska­ya, Litvinenko, Markelov, Baburova, Magnitsky et d’autres.

Le Nord-Coréen Kim Jong-un gouverne un pays qui est une prison à ciel ouvert, et a notamment fait assassiner son frère et son oncle.

Bref, le 45e président des États-Unis a une fascinatio­n malsaine et morbide pour les tyrans.

Inévitable­ment, la question se pose : jusqu’où Trump irait-il s’il n’y avait pas des institutio­ns pour l’encadrer et une presse libre pour le talonner ?

Le vrai ennemi des États-Unis, selon lui ?

Lisez ses tweets si vous le pouvez encore : le vrai ennemi, c’est CNN ou NBC ou le New York Times. Leurs crimes ? Rapporter les faits : qu’il blâme les immigrants continuell­ement, que lui et sa famille baignent dans les conflits d’intérêts, qu’il a payé une actrice porno pour la faire taire, que l’État de New York accuse sa fondation caritative de couvrir ses dépenses personnell­es, etc.

En 2006, Peter York avait publié un étrange livre dans lequel il examinait la décoration des résidences des pires dictateurs.

Il avait noté des similitude­s frappantes : les dorures ultra-kitsch, le style faux Versailles, la taille démesurée.

Allez voir maintenant les photos des appartemen­ts privés de Trump.

BLESSURES

Hier, il avançait, dans une autre stupéfiant­e négation du réel, avoir « largement résolu » le problème nord-coréen, alors que le communiqué conjoint est d’un vide sidéral.

Un des aspects les plus tristes est sa mainmise désormais totale sur le Parti républicai­n, et le nombre de candidats locaux qui reprennent sa façon de faire.

Son succès auprès d’une frange importante de la population dévoile aussi la part sombre de la condition humaine.

Après son départ, les conséquenc­es de cette calamité humaine resteront pour longtemps.

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Après son départ, les conséquenc­es de cette calamité humaine resteront pour longtemps.
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