Le Journal de Montreal

Cette battante profite enfin de la vie

Opérée il y a 10 ans aux États-Unis, une jeune fille de Châteaugua­y s’envolera pour Walt Disney World

- HUGO DUCHAINE

« AVEC TOUT CE QU’ELLE A TRAVERSÉ, ELLE LE MÉRITE, SON RÊVE ». – Serge Mailloux, grand-père

Née sans système immunitair­e, la petite Amanda Raymond-Lamoureux était à la merci du moindre virus. Mais cette jeune battante a défié les plus sombres pronostics depuis qu’elle a reçu une rare greffe aux États-Unis, il y a 10 ans.

« Sans la greffe, elle ne serait pas là aujourd’hui. Tout pouvait la tuer », souffle son grand-père Serge Mailloux, ému et fier de voir sa petite-fille atteinte du syndrome de DiGeorge rire et courir comme les autres enfants de sa classe.

Le Journal l’a rencontrée hier à l’école Marc-André-Fortier de Châteaugua­y, alors que le père Nicolas Noël venait de lui faire le plus beau des cadeaux. La Fondation Rêves d’enfants lui permettra de s’envoler pour Walt Disney World, en Floride.

Amanda s’est mise à sauter de joie, mais elle était aussi surprise de voir ses grands-parents débarquer dans sa classe.

« As-tu averti ton boss ? » a-t-elle tout de suite décoché à son grand-père. Rassurée, elle s’est ensuite dite excitée de pouvoir aller voir le bonhomme de neige Olaf, du film La Reine des neiges, son préféré, car « il est très coquin ».

« Avec tout ce qu’elle a traversé, elle le mérite, son rêve », dit son grand-père.

Le Journal avait suivi son combat il y a 10 ans, de la greffe aux États-Unis à sa longue hospitalis­ation.

TRÈS RARE

Amanda est née avec une maladie héréditair­e très rare, le syndrome de DiGeorge. Pire encore, elle faisait partie du 1 % des enfants atteints à ne pas avoir de thymus.

La petite glande située entre le thorax et la gorge est responsabl­e du système immunitair­e. Ainsi, la petite Amanda a passé les 19 premiers mois de sa vie en isolation totale.

La maladie avait aussi causé une malformati­on à son coeur. Elle a subi une première chirurgie à seulement quatre mois.

Puis, âgée de neuf mois, elle s’est envolée en Caroline du Nord pour devenir la première Québécoise à subir une greffe du thymus. L’opération est si rare qu’elle se fait à ce seul endroit dans le monde. L’hospitalis­ation d’une centaine de jours a coûté plus d’un million $ à la RAMQ, qui a déboursé une partie des frais étant donné qu’aucun spécialist­e ne pouvait le faire au Québec.

Même si elle a maintenant un système immunitair­e, il demeure très faible. À l’école, elle doit éviter les abreuvoirs ou s’abstenir de toucher aux objets des autres élèves.

« Elle ne comprend pas toujours pourquoi les autres enfants peuvent tout faire, mais pas elle », souligne sa grand-mère, Richère-Céleste Raymond.

Elle a longtemps été gavée, car les muscles de sa bouche étaient trop faibles pour avaler. Aujourd’hui, elle doit boire beaucoup d’eau en mangeant pour s’assurer qu’elle avale bien. Son rare syndrome lui a aussi causé une légère déficience, des problèmes d’audition, ainsi qu’un manque de calcium, rendant ses os fragiles.

NOUVELLE OPÉRATION

Il y a quelques mois, elle a subi une nouvelle opération au coeur pour améliorer la circulatio­n du sang. Elle peut enfin jouer et courir comme les autres, se réjouit son enseignant­e, Ninon Riendeau.

« On lui disait toujours “reste calme, arrête de bouger, fais attention” », ditelle. Des conseils donnés à contrecoeu­r, parce qu’Amanda déborde d’énergie, toujours persévéran­te et enjouée, selon Mme Riendeau.

Elle pourra bientôt courir auprès de tous ses personnage­s de Walt Disney préférés. Ses grands-parents, eux, continuent de militer pour faire connaître et comprendre sa rare maladie.

 ?? PHOTOS CHANTAL POIRIER ET D’ARCHIVES ?? C’est le père Nicolas Noël qui a annoncé à Amanda Raymond-Lamoureux qu’elle réalisera son rêve d’aller à Walt Disney. Il y a 10 ans (photo de gauche), elle rentrait après être devenue la première Québécoise à subir une greffe du thymus aux États-Unis.
PHOTOS CHANTAL POIRIER ET D’ARCHIVES C’est le père Nicolas Noël qui a annoncé à Amanda Raymond-Lamoureux qu’elle réalisera son rêve d’aller à Walt Disney. Il y a 10 ans (photo de gauche), elle rentrait après être devenue la première Québécoise à subir une greffe du thymus aux États-Unis.

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