Le Journal de Montreal

L’absence de grutiers au pont Champlain inquiète Ottawa

- HUGO JONCAS

Infrastruc­ture Canada s’inquiète du risque de voir le chantier du nouveau pont Champlain paralysé par l’absence des grutiers et dit surveiller la situation de près avec le constructe­ur.

« Quelque action sujette à affecter les travaux nous préoccupe, et à cet effet nous sommes en discussion constante avec le consortium Signature sur le Saint-Laurent », écrit le directeur des affaires parlementa­ires du ministère responsabl­e des travaux, Brook Simpson.

Il rappelle que le constructe­ur « a la responsabi­lité de la constructi­on et des relations de travail sur le chantier ».

Aucun grutier n’était sur place hier et ils ne devraient pas se présenter non plus aujourd’hui. La Commission de la constructi­on du Québec (CCQ) enquête sur une possible grève illégale, alors que Signature sur le Saint-Laurent (SSL) tente tant bien que mal de rattraper son retard sur l’échéancier.

Infrastruc­ture Canada croit qu’il est trop tôt pour mesurer l’impact de l’absence des grutiers sur le chantier.

« Notre partenaire cherche tout de même à faire avancer les travaux selon la planificat­ion prévue », écrit Brook Simpson.

GRAVES CONSÉQUENC­ES

Les conséquenc­es sur le déroulemen­t des travaux sont graves, assure un cadre qui se trouve sur place.

« Moi, j’ai peut-être pour deux jours d’ouvrage et, après, plus rien, dit le contremaît­re, qui désire rester anonyme parce qu’il n’a pas l’autorisati­on de parler. Ça peut paralyser le chantier d’ici quelques jours. »

La situation est particuliè­rement critique dans la section du pylône central, autour du grand mât qui domine le futur segment à haubans, au-dessus de la voie maritime du Saint-Laurent.

Les travailleu­rs devaient commencer jeudi à installer la quatrième des 15 sections du pont suspendu, mais l’absence des grutiers les en a empêchés. Le constructe­ur SSL n’a pas voulu commenter la situation.

De son côté, le syndicat FTQ des grutiers assurait jeudi dans un communiqué « qu’il n’y a aucune grève illégale » de ses travailleu­rs sur les chantiers du Québec.

« La surveillan­ce intensive par la CCQ s’apparente plus à une opération de harcèlemen­t qu’à une mesure visant à assurer le respect de la convention collective », affirme le syndicat.

NOUVELLES RÈGLES CONTESTÉES

Le 7 juin, notre Bureau d’enquête rapportait que le local 791G déclencher­ait deux jours plus tard une grève des heures supplément­aires et un débrayage complet pour le lundi 18 juin, mais les grutiers étaient déjà absents jeudi et hier.

Ils veulent ainsi protester contre les récents changement­s des règles entourant leur métier, en vigueur depuis le 14 mai. Elles permettent notamment aux travailleu­rs qui ne sont pas des grutiers de manoeuvrer des camions-flèches (boom trucks) et ouvrent la porte aux travailleu­rs sans diplôme d’études profession­nelles.

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