Obscénité politique
Trump respecte Kim Jong-un, qui l’impressionne.
Honte à nous, qui jetons un oeil distrait sur les nouvelles de cette semaine inqualifiable, où l’indigne président Trump a serré la main et fait des mamours à celui qu’il « respecte » et dont il banalise les crimes en disant que c’est un « tough guy » travaillant pour son peuple.
Kim Jong-un est le troisième de sa famille sanguinaire à diriger une dictature où sur aucun kilomètre n’existe la liberté. Son pays n’est pas un pays — c’est le plus grand camp de concentration de la planète. Pour en prendre la mesure, on est sommé de lire les trop rares ouvrages et documents sur la réalité de ce peuple martyr.
À son arrivée au pouvoir, le filshéritier n’a pas changé de registre en perpétuant l’extermination de ses ennemis et en assurant la continuation de l’horreur et la consolidation de la mainmise familiale sur son peuple. Il rêvait d’armes nucléaires et, défiant le monde, il a réussi à en faire fabriquer par des scientifiques esclaves qu’il récompense en leur offrant honneurs et appartements, qui leur font croire qu’ils habitent à New York ou Hong Kong, et en les robotisant avec des biens matériels venus de Chine ou des États-Unis.
RÉGIME MEURTRIER
L’on sait que depuis des décennies, le meurtre, la torture et l’enfermement dans des camps, qui valent bien ceux des nazis et de Staline réunis, sont le lot de centaines de milliers de ses compatriotes, ses ennemis. Il n’y a pas de liste officielle de prisonniers, évidemment, mais il est documenté par de rares témoignages de l’intérieur et d’observateurs coréens qu’on enferme les traîtres avec leur famille, dont les enfants qui naissent deviennent de facto des prisonniers eux-mêmes et pour la vie.
On pourrait allonger la liste des horreurs en rappelant que l’État a luimême provoqué des famines dans le passé. Une forme d’euthanasie particulière qui donne froid dans le dos.
Honte, alors, à tous ces chefs d’État, à l’ancien et à l’actuel secrétaire général des Nations Unies ainsi qu’au ministre canadien de la Sécurité publique, qui ont salué le geste de Trump envers Kim Jong-un. « La rencontre de lundi a un potentiel important pour la paix et la sécurité dans le monde », a déclaré le ministre Goodale, grand admirateur et défenseur de la Charte canadienne des droits, par ailleurs.
L’HISTOIRE SE RÉPÈTE
Comment le Canada moralisateur de l’Occident peut-il décemment féliciter Donald Trump, le nouvel ami du plus grand bourreau de la planète ? On croit revivre les événements de septembre 1938 et les prétendus accords de Munich signés par Hitler et Neville Chamberlain. Le retour de celui-ci à Londres brandissant l’accord devant une foule en extase et promettant « la paix pour notre temps » était le prélude à la Seconde Guerre mondiale. À son retour de Singapour, Trump a tweeté aux Américains : « Dormez bien ce soir ».
Bientôt, on verra des béats et des admirateurs de Trump et de Kim se promener avec des t-shirts à l’effigie du tyran au regard oscillant entre hébétement et cruauté.
Rien, donc, ne nous est épargné en cette époque maudite.