Le Journal de Montreal

Ta pauvre petite tête

- MAXIM MARTIN maxim.martin@quebecorme­dia.com

Cette semaine, j’hésitais entre deux sujets. J’avais envie de parler des gens qui abandonnen­t leurs animaux en cette période de déménageme­nt. Mais ensuite, j’ai appris la mort, cette semaine, d’une cycliste dans le quartier Rosemont. J’ai su que certains crétins ont écrit sur les réseaux sociaux des commentair­es comme : « Tant mieux, ça va faire un cycliste de moins sur la route ! »

Pendant que je débattais dans ma tête de quel sujet j’allais aborder dans ma chronique, j’ai réalisé qu’il y a un lien entre les deux : si tu correspond­s à la descriptio­n d’un des deux sujets, tu as un sacré mal de vivre et c’est à toi que j’adresse cette chronique.

À ce stade, ce serait facile de t’insulter ou de te traiter de tous les noms, mais c’est exactement le genre de rage que tu recherches pour alimenter la tienne.

MORT À L’INTÉRIEUR

Celui qui abandonne un animal à ce temps-ci de l’année dans la plus grande indifféren­ce dévoile son incapacité à recevoir de l’amour. Un chien qui bat de la queue ou un chat qui ronronne, t’envoie un message clair : « Je suis content d’être ici avec toi, merci de t’occuper de moi. »

Si tu le rayes aussi lâchement de ta vie, sans même lui trouver un nouveau maître ou un refuge, je n’aimerais certaineme­nt pas être ton conjoint ou ta conjointe, ni ton enfant. Ces genslà doivent travailler fort pour recevoir de l’amour de ta part.

Être aussi indifféren­t au sort d’une petite créature qui dépend de toi, c’est comme avoir une partie de toi qui est déjà morte à l’intérieur. Je l’ai déjà dit et je le répète : dans notre société, c’est le rôle des grands et forts de s’occuper des petits et des faibles.

TU ES MALHEUREUX

Et toi qui es heureux de la mort d’une cycliste, j’ai quelques mots pour toi aussi. Je suis moi-même un cycliste. Quand j’ai vu ton commentair­e, je t’avoue que ma première réaction a été de te répondre : « Ça veut dire que s’il t’arrive un accident mortel à toi, j’ai le droit d’écrire sur ta page Facebook : Bravo ! Un déchet de moins dans la société. »

Et c’est là que j’ai réalisé que c’est exactement ce que tu veux. Te répondre, c’est tomber dans ton piège, m’abaisser à ton niveau. Quand tu te réjouis du décès de quelqu’un et que tu l’exprimes à voix haute, il ne doit pas rester beaucoup de niveaux sous le tien.

J’imagine ta vie, celle où malgré tous tes efforts, les rayons de soleil ne brillent jamais sur toi. Tu es malheureux. Tu pourrais faire comme bien des gens et te regarder dans le miroir pour trouver la source de tes malheurs, mais tu es tellement éteint que tu es incapable de réaliser que c’est toi, la source.

De te réjouir d’un tel drame et d’en ajouter à la peine d’une famille ne fait que dévoiler ton propre niveau de souffrance. Ma pitié pour toi dépasse ma haine pour ton commentair­e.

Pour ceux qui me lisent et ressentent la même frustratio­n que moi, celle de devoir partager notre société avec de tels cas perdus, de voir notre bonheur être confronté à leur énergie négative qui se répand partout, dites-vous que ça ne sert à rien de les maudire. Ils sont déjà condamnés à vivre une vie vide et à rester prisonnier­s de leur pauvre petite tête.

Ma pitié pour toi dépasse ma haine pour ton commentair­e.

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