Finis les professeurs devant la classe
Une école de Drummondville révolutionne l’enseignement en laissant ses élèves les plus libres possible
DRUMMONDVILLE | Un collège privé du Centre-du-Québec réinvente l’école en remplaçant les pupitres, les tableaux et les cours magistraux par des espaces modernes où les élèves apprennent à leur rythme, encadrés par des « coachs ».
Depuis septembre, le Collège Saint-Bernard de Drummondville a entrepris une révolution en éducation, si bien que des chercheurs se pencheront bientôt sur ce modèle (voir autre texte).
Le Collège a détruit sept classes pour créer trois grands espaces qu’il appelle « zones innovantes ».
Des tables, des banquettes et des coussins remplacent les pupitres, alors que les vitres et les portes servent de tableaux pour écrire.
Quelque 180 élèves de 1re, 2e et 3e secondaire circulent librement, consultent leur téléphone, peuvent écouter leur musique et travaillent à leur rythme sur leur ordinateur.
D’ici trois ans, tous les élèves des niveaux primaire et secondaire de l’école fonctionneront de cette façon. La transformation des classes se réalisera sans aucune subvention gouvernementale, grâce aux entreprises privées qui investiront 2,1 millions $.
« COACHING » PERSONNALISÉ
Cette année, six enseignants ont accepté de jouer le rôle de « coach » pour les élèves qu’ils suivront pendant trois ans. Plutôt que de faire leur « one man show » devant la classe, ils répondent à leurs questions et les orientent.
Le modèle s’inspire des écoles alternatives, avec un encadrement plus rigoureux. Chaque semaine, les jeunes organisent leur horaire selon leurs activités sportives ou artistiques.
« Ils ont des objectifs à atteindre comme au travail », souligne le directeur du Collège Saint-Bernard, Dominic Guévin. Ils ont régulièrement des comptes à rendre à leurs
coachs, qui s’assurent que les acquis sont consolidés. Les jeunes sont soumis à des examens périodiques pour s’assurer que leur apprentissage répond aux exigences du ministère de l’Éducation.
À SON RYTHME
D’après M. Guévin, ce modèle est plus exigeant pour les étudiants, qui sont plus engagés dans leur réussite.
« Avant, le prof était l’encyclopédie qui transmettait les connaissances. Ce n’est plus ça notre rôle. Maintenant, l’information est disponible partout », exprime Julie-Michèle Dauphinais, enseignante en anglais.
Ce modèle permet à chacun de progresser selon ses capacités, alors que les cours magistraux forcent les profs à enseigner au rythme de l’étudiant moyen.
« Je peux faire mes affaires seule, au lieu d’attendre après un prof qui explique ce que je comprends déjà », partage Florence Richard, étudiante en 1re secondaire.