Les p’tits choux et les choux de Bruxelles
Quelle histoire épouvantable ! Une fillette de 8 ans forcée de rester à table durant 13 heures, qui finit en hypothermie, dans son urine, en vomissant et épuisée. Son père, qui a appliqué le châtiment, est un enseignant en éducation spécialisée. Il a été condamné par la justice à quatre mois dans la collectivité. Peu sévère à mon avis.
Il y a beaucoup à dire, mais je m’attarderai à un seul aspect : le « méfait » initial de l’enfant, qui a tout déclenché, est le refus de manger ses choux de Bruxelles. Partant de là, il y a eu escalade et le père y a vu une défiance de l’autorité, mais au départ, il a accroché sur un beurk devant le légume vert sacré.
Personnellement, je trouve les choux de Bruxelles assez ordinaires. J’en ai déjà mangé qui m’ont plu, apprêtés à merveille par un chef. Mais disons que bouillis plate, des choux de Bruxelles, c’est plate rare ! Sans parler de l’arrièregoût un peu ferreux. Un enfant qui n’aime pas ça, c’est normal. Je soupçonne qu’au moins la moitié des enfants n’en mangent pas. Et on s’en fout. Oui, oui, on s’en sacre ! Bien sûr, si votre enfant ne mange aucun légume et aucun fruit dans la semaine, il faudrait jeter un oeil làdessus. Mais qu’il n’aime pas une certaine liste de légumes, ce n’est pas grave.
Si l’enfant a le cancer, cela justifie de s’en faire terriblement. Si l’enfant se fait intimider aussi. Si l’enfant subit un accident où il perd un membre, c’est terrible. Si l’enfant ne réussit rien à l’école, c’est préoccupant pour son avenir. Si l’enfant est toujours triste, il faut y voir et vite. Mais si l’enfant laisse un légume dans l’assiette, ce n’est rien !
MON CORPS !!!
Évidemment, je sais que plusieurs lecteurs sont à ce point-ci outrés. Les légumes ! La santé, Mario !!! Que fais-tu de la santé ??? Ils sont de plus en plus nombreux ceux qui ont développé des problèmes graves de psychorigidité avec la santé et l’alimentation.
Avons-nous collectivement exagéré les discours sur l’alimentation au point qu’un père de famille perde ainsi ses repères ? En 2018, est-ce que les nutritionnistes donnent des conseils ou est-ce que les nutritionnistes prêchent ? Souhaitons-nous une alimentation correcte dans la recherche d’un équilibre personnel, ou plutôt une alimentation parfaite au nom de la théologie de la santé et du corps ?
Vous me direz que le comportement de ce père est terriblement erratique sur plusieurs fronts. Évidemment, je partage ce point de vue. Sauf que sa crise de sévérité débridée n’a pas été déclenchée parce qu’elle a été méchante avec une amie, ou malpolie avec un enseignant. C’est parce qu’elle a refusé un légume. La chose la moins grave au monde. Sauf que le père, lui, trouve ça plus inexcusable que tout… Pourquoi ?
École, garderies, garde partagée, cours de danse, pratique sportive, nos enfants vivent assez de stress. Pas besoin d’en ajouter avec un haricot, un brocoli ou un foutu chou de Bruxelles.