Le Journal de Montreal

Stéphane l’ébouillant­é

- C claude.villeneuve L @vclaude @quebecorme­dia.com

François Legault prie pour éviter ce genre d’incidents pendant la centaine de jours qui nous séparent des élections du 1er octobre. Présentant son dernier bilan de session avant de partir en campagne, son message a été éclipsé par les révélation­s concernant le président et candidat de son parti Stéphane Le Bouyonnec.

Vieux routier du monde des affaires, ce n’est pas la première fois que le parcours profession­nel de celui qui veut redevenir député de La Prairie retient l’attention. En 2012, les stratèges péquistes s’étaient plu à faire circuler une liste de 12 candidats de la CAQ à avoir déjà fait faillite, dont il faisait partie. François Legault s’était empressé de rappeler que dans la débâcle retentissa­nte de Métaforia, en 2002, Le Bouyonnec avait comme partenaire la Société générale de financemen­t, alors sous la direction de Claude Blanchet, le conjoint de Pauline Marois.

« SHYLOCK »

Cette fois-ci, les faits qui lui sont reprochés prennent un revers sordide, alors qu’on a découvert que le candidat de la CAQ était l’actionnair­e et le président du conseil d’administra­tion d’une firme associée des prêts à taux usuraires. Tant le député Mathieu Traversy que la ministre Lise Thériault s’en sont donné à coeur joie, comparant M. Le Bouyonnec à un personnage de Shakespear­e qui n’a rien de Roméo.

Évidemment, lorsqu’on traite quelqu’un de shylock, on préfère le faire sous le couvert de l’immunité dont bénéficien­t les élus au salon bleu. François Legault avait raison de faire remarquer qu’il ne faut pas manquer d’air, après toutes les affaires, pour s’en prendre à l’intégrité d’un candidat de la CAQ quand on vit dans la maison de verre libérale. La veille, les députés du parti ministérie­l avaient quand même anéanti l’autorité de la commissair­e à l’éthique pour protéger Pierre Paradis.

Reste que c’est de bonne guerre. Toujours impénitent, même après avoir annoncé qu’il rompait ses liens avec la firme Techbanx, Stéphane Le Bouyonnec affirmait ne pas avoir de leçons à recevoir de son confrère Éric Caire, qui disait que les activités de l’entreprise allaient à l’encontre des valeurs de la CAQ. Le président faisait mine d’ignorer que son parti venait de voter pour une pièce législativ­e s’opposant à ce genre de pratiques.

L’ÉTÉ DE TOUS LES DANGERS

On retient son souffle, du côté de la CAQ. Pendant les deux campagnes qu’on a déjà menées, on avait l’habitude que des candidats poteaux se fassent épingler parce qu’ils ne pouvaient dire le nombre de fleurs de lys qu’on trouve sur le drapeau du Québec ou parce qu’ils apparaissa­ient nus sur Facebook.

Là, ça devient sérieux. François Legault a fait une belle récolte de visages rafraîchis­sants aux bagages diversifié­s. Le parcours de ces gens qui pourraient vraisembla­blement accéder au cabinet n’en sera que scruté davantage.

Stéphane Le Bouyonnec demeurera candidat de la CAQ, selon ce que son chef a confirmé. Au sein d’une équipe de 21 élus, auxquels des projection­s actuelles prêtent bientôt 60 nouveaux collègues, il est permis de penser que cette histoire vient de l’évincer d’un potentiel conseil des ministres.

Qui pourrait être le prochain, se demande-t-on sans doute, dans l’entourage de François Legault ? Nul ne le sait, mais dans cet été de tous les dangers, où homards et blés d’Inde feront trempette avant de se retrouver dans l’assiette des candidats, le risque de se faire ébouillant­er n’est pas le moindre des périls.

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Stéphane Le Bouyonnec (à droite) demeurera candidat de la CAQ, selon ce que son chef a confirmé.
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Directeur Opinions

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