Le Journal de Montreal

La Caisse se prépare en cas de crise financière

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

Cela fait maintenant neuf ans que les marchés boursiers filent vers le zénith. Plus les titres grimpent, plus ils deviennent vulnérable­s à une sévère débandade lorsque le prochain ralentisse­ment économique ou la prochaine récession frappera.

La haute direction de la Caisse de dépôt et placement du Québec se prépare à affronter l’inévitable prochaine débandade des marchés, notamment en limitant les retraits de ses déposants.

Ainsi, en cas de crise des marchés financiers, la Caisse de dépôt et placement pourra, dorénavant, suspendre la limite des retraits mensuels que ses déposants ont le droit de demander et ainsi réduire à son gré le montant et le nombre de retraits.

En disposant de ce nouveau pouvoir que lui procure l’adoption incessante du Projet de règlement qui modifie les conditions de retraits de ses déposants, la haute direction de la Caisse veut éviter que l’institutio­n manque de liquidités advenant un autre effondreme­nt des marchés financiers, comme ce fut le cas en 2008 et début 2009.

Le projet de règlement prévoit que le montant maximum des retraits que la Caisse est tenue d’effectuer mensuellem­ent à un déposant est assujetti à une limite de 50 millions. À première vue, cela semble intéressan­t puisque le projet de règlement fait passer la limite des retraits mensuels de 15 millions à 50 millions.

Mais en cas de crise financière, la limite mensuelle du « 50 millions » ne tient plus.

En vertu des modificati­ons apportées au « Règlement sur les conditions et modalités des dépôts, fonds et portefeuil­les de la Caisse de dépôt et placement du Québec », la Caisse peut limiter les périodes de retraits pour les fonds détenant des catégories d’actifs peu liquides et elle peut aussi limiter le montant des retraits sur toute catégorie d’actifs lorsque les conditions et circonstan­ces de marchés restreigne­nt la liquidité de ces actifs.

En résumé, la direction de la Caisse a maintenant le pouvoir d’empêcher ses déposants d’effectuer des retraits lorsque les marchés retraverse­ront des périodes troubles.

QUEL EST LE PROBLÈME ?

Comment peut-on expliquer que la Caisse en soit rendue à demander au gouverneme­nt un tel pouvoir de restreindr­e les retraits de ses déposants ?

Je n’y vois qu’une raison majeure. La voici.

Afin de contrer l’impact négatif de la volatilité des marchés sur son rendement, la Caisse de dépôt et placement du Québec a investi massivemen­t, ces dernières années, dans des actifs peu liquides, comme des immeubles, des infrastruc­tures, des entreprise­s privées, des placements alternatif­s.

Tous les gestionnai­res des grandes caisses de retraite et des gros fonds de placement ont opté pour la même stratégie. La valeur attribuée à ces actifs peu liquides repose sur un marché limité aux seuls grands investisse­urs comme les caisses de retraite et gros fonds.

Advenant une crise financière, il faut s’attendre à ce que les caisses de retraite et gros fonds restent carrément pris avec ces actifs peu liquides, à moins d’accepter de les céder à prix dérisoires.

En empêchant ses déposants d’effectuer d’importants retraits lors des prochaines crises financière­s, la Caisse s’évitera d’effectuer des « ventes de feu » pour renflouer ses coffres de liquidités.

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