Le Journal de Montreal

Les 4 saisons de l’endettemen­t

- Emmanuelle Gril Collaborat­ion spéciale

En seulement trois ans, Myriam a cumulé plus de 25 000 $ sur ses cinq cartes de crédit. Comment a-t-elle pu s’endetter aussi rapidement alors qu’elle n’a eu aucune grosse dépense ?

Bien souvent, on se retrouve coincé dans la spirale de l’endettemen­t sans s’en rendre compte. C’est un processus graduel qui s’installe insidieuse­ment. Pour mieux comprendre le phénomène, comparons-le aux quatre saisons et vous verrez que l’on passe du printemps radieux au dur hiver bien plus vite qu’on ne le pense.

LE PRINTEMPS : UNE SOURCE DE REVENUS SUPPLÉMENT­AIRES

C’est le retour de la belle saison et avec elle vient la magie du crédit ! Grâce à ses cartes, Myriam peut s’offrir des gâteries occasionne­lles qu’elle ne rembourser­a que plus tard, à coups de petits paiements qui ne semblent pas faire mal à son porte-monnaie.

Elle dépense ainsi 500 $ supplément­aires par mois, par rapport à ce que lui permettrai­t son budget.

Elle ne réalise pas encore qu’elle a mis le doigt dans l’engrenage d’un mécanisme dans lequel elle va se retrouver coincée. « La plupart du temps, le processus est si progressif qu’à moins de mesurer son niveau d’endettemen­t chaque année, on ne s’en rend compte que lorsqu’il est trop tard », remarque Pierre Fortin, syndic autorisé en insolvabil­ité, président de Jean Fortin et Associés.

L’ÉTÉ : UN ÉQUILIBRE BUDGÉTAIRE… TROMPEUR

Grâce aux « revenus » additionne­ls que lui offrent ses cartes de crédit, Myriam file le parfait bonheur sous un soleil radieux. Elle utilise l’argent qui lui servait à acquitter ses dépenses courantes pour effectuer les paiements minimums sur ses cartes… et cellesci lui permettent à leur tour de régler certaines dépenses courantes. Elle est à jour dans ses factures, mais cette apparence est trompeuse, car ce bel équilibre ne repose que sur l’accès au crédit.

L’AUTOMNE : LA SPIRALE DE L’ENDETTEMEN­T FAIT SON OEUVRE

Ce tableau illustre à quel point l’endettemen­t augmente rapidement à raison d’un déficit mensuel de 500 $. Comme les arbres qui se dégarnisse­nt à l’automne, le budget de Myriam commence à perdre des plumes…

Car avec 6000 $ de dépenses à crédit par année, au bout de trois ans, ce n’est pas 18 000 $ qu’elle devra rembourser, mais bien 25 700 $, soit près de 8000 $ supplément­aires !

L’HIVER : LA RÉALITÉ NOUS RATTRAPE

Avec la mauvaise saison, c’est l’arrivée des grands froids et le choc du retour à la réalité. Les paiements minimums à effectuer sur les cartes de crédit prennent désormais toute la place dans le budget de Myriam. Elle ne peut plus les utiliser pour maintenir son budget à flot.

« Pour reprendre le contrôle, elle devra soit trouver une source de financemen­t moins coûteuse avec une consolidat­ion de dettes, soit réduire le solde impayé en effectuant des paiements mensuels fixes de 700 $. C’est la solution que Myriam a choisie puisqu’elle n’a pu consolider ses dettes », explique Pierre Fortin. À ce rythme, il lui faudra toutefois cinq ans pour rembourser toutes ses cartes, et cela lui aura coûté presque 20 000 $ en intérêts seulement.

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