Les 4 saisons de l’endettement
En seulement trois ans, Myriam a cumulé plus de 25 000 $ sur ses cinq cartes de crédit. Comment a-t-elle pu s’endetter aussi rapidement alors qu’elle n’a eu aucune grosse dépense ?
Bien souvent, on se retrouve coincé dans la spirale de l’endettement sans s’en rendre compte. C’est un processus graduel qui s’installe insidieusement. Pour mieux comprendre le phénomène, comparons-le aux quatre saisons et vous verrez que l’on passe du printemps radieux au dur hiver bien plus vite qu’on ne le pense.
LE PRINTEMPS : UNE SOURCE DE REVENUS SUPPLÉMENTAIRES
C’est le retour de la belle saison et avec elle vient la magie du crédit ! Grâce à ses cartes, Myriam peut s’offrir des gâteries occasionnelles qu’elle ne remboursera que plus tard, à coups de petits paiements qui ne semblent pas faire mal à son porte-monnaie.
Elle dépense ainsi 500 $ supplémentaires par mois, par rapport à ce que lui permettrait son budget.
Elle ne réalise pas encore qu’elle a mis le doigt dans l’engrenage d’un mécanisme dans lequel elle va se retrouver coincée. « La plupart du temps, le processus est si progressif qu’à moins de mesurer son niveau d’endettement chaque année, on ne s’en rend compte que lorsqu’il est trop tard », remarque Pierre Fortin, syndic autorisé en insolvabilité, président de Jean Fortin et Associés.
L’ÉTÉ : UN ÉQUILIBRE BUDGÉTAIRE… TROMPEUR
Grâce aux « revenus » additionnels que lui offrent ses cartes de crédit, Myriam file le parfait bonheur sous un soleil radieux. Elle utilise l’argent qui lui servait à acquitter ses dépenses courantes pour effectuer les paiements minimums sur ses cartes… et cellesci lui permettent à leur tour de régler certaines dépenses courantes. Elle est à jour dans ses factures, mais cette apparence est trompeuse, car ce bel équilibre ne repose que sur l’accès au crédit.
L’AUTOMNE : LA SPIRALE DE L’ENDETTEMENT FAIT SON OEUVRE
Ce tableau illustre à quel point l’endettement augmente rapidement à raison d’un déficit mensuel de 500 $. Comme les arbres qui se dégarnissent à l’automne, le budget de Myriam commence à perdre des plumes…
Car avec 6000 $ de dépenses à crédit par année, au bout de trois ans, ce n’est pas 18 000 $ qu’elle devra rembourser, mais bien 25 700 $, soit près de 8000 $ supplémentaires !
L’HIVER : LA RÉALITÉ NOUS RATTRAPE
Avec la mauvaise saison, c’est l’arrivée des grands froids et le choc du retour à la réalité. Les paiements minimums à effectuer sur les cartes de crédit prennent désormais toute la place dans le budget de Myriam. Elle ne peut plus les utiliser pour maintenir son budget à flot.
« Pour reprendre le contrôle, elle devra soit trouver une source de financement moins coûteuse avec une consolidation de dettes, soit réduire le solde impayé en effectuant des paiements mensuels fixes de 700 $. C’est la solution que Myriam a choisie puisqu’elle n’a pu consolider ses dettes », explique Pierre Fortin. À ce rythme, il lui faudra toutefois cinq ans pour rembourser toutes ses cartes, et cela lui aura coûté presque 20 000 $ en intérêts seulement.