Réaliser son rêve avant la retraite
Ils vendent des burgers et de la poutine en Thaïlande
Un jour de septembre 2016, Pierre Lalumière et sa femme, Marie-Claude Dubois, se sont retrouvés à l’aéroport de Montréal avec leur sac à dos comme seuls bagages. Ces sacs contenaient toutes leurs possessions puisqu’ils venaient de vendre maison, autos et meubles pour partir s’établir en Asie.
« Nous étions des SDF [sans domicile fixe] prêts à partir à l’aventure, raconte Pierre Lalumière. Notre idée, c’était de voyager un peu avant de trouver un endroit pour se poser et partir en affaires. »
Il venait de quitter son poste de directeur général de l’Hôtellerie champêtre, alors que sa femme avait démissionné de l’entreprise de communication pour laquelle elle travaillait depuis quelques années.
Fatigués du rythme de vie trépidant que ces emplois leur imposaient, ils avaient envie de tout lâcher. « On se le disait parfois à la blague, mais un jour, c’est devenu réalité », explique M. Lalumière.
Après avoir voyagé pendant quelques mois, ils ont finalement décidé d’acheter un restaurant à Koh Phangan, une petite île au sud-ouest de la Thaïlande.
Ils ont jeté leur dévolu sur le Crave, un établissement réputé pour ses hamburgers et ses poutines qui a été fondé par deux Québécoises. Très fréquenté par les touristes et la population locale, il se maintient dans le top 3 des restaurants de l’île, selon TripAdvisor.
« Il y a beaucoup du Québec au Crave, explique Pierre Lalumière. En plus de la poutine, on sert une crème glacée au sirop d’érable. On offre aussi le gin Ungava. »
FINI LE STRESS !
S’approvisionner en produits sur une île du golfe de la Thaïlande cause parfois quelques maux de tête. Malgré tout, le couple de restaurateurs est heureux de son changement de carrière.
« On a fait le ménage dans tout ce qui était complexe dans nos vies, raconte Pierre Lalumière. Notre niveau de stress a réduit de 80 %. On travaille en culottes courtes et en gougounes. Nos possessions, ce sont le resto, trois chats et deux scooters pour se déplacer sur l’île. Le niveau de vie n’est pas très élevé à Koh Phangan, mais on a besoin de peu pour vivre ici. »
Seul bémol : ils s’ennuient quand même de leur famille et de leur fils de 27 ans. Mais pas question de revenir au Québec pour le moment.
Même que leur aventure thaïlandaise prend un autre tournant puisqu’ils viennent de décider de vendre le Crave, ayant fait l’acquisition d’un autre restaurant qui, lui, est situé sur le bord de la mer, de l’autre côté de l’île.
« C’était une occasion qu’on ne pouvait pas laisser passer. Tout s’est fait très vite. En l’espace de deux semaines, la transaction était conclue. »
Ils prendront possession de leur nouveau restaurant, The North, brasserie on the beach, en juillet. Au menu, des burgers et des poutines, mais aussi des mets plus relevés. Il y aura aussi un bar à vin.
« L’établissement est ouvert depuis quelques mois seulement. C’est un emplacement de rêve avec vue sur la mer et les couchers de soleil. Il est aussi plus grand avec un potentiel de revenus plus élevé », explique M. Lalumière.
LA RETRAITE ? ELLE ATTENDRA !
Tout laisser pour partir à l’étranger est souvent un rêve que les gens réalisent à leur retraite. Pour Pierre Lalumière et sa femme, c’était loin d’être le cas.
« On ne prévoit pas prendre notre retraite avant longtemps, explique-t-il. On continue de travailler fort au resto, mais à un rythme qui nous convient davantage. Ce que je ne veux plus, c’est travailler dans un bureau. »
Ils ont la tête remplie de projets. Après la Thaïlande, ils iront peut-être en Nouvelle-Zélande ou dans les Dolomites, en Italie, pour travailler dans un vignoble.
« Souvent, les gens nous disent qu’on est chanceux de vivre ça. Mais ça n’a rien à voir avec la chance. On s’est plutôt demandé ce qu’on avait vraiment envie de faire, et on a foncé. »