Le Journal de Montreal

Pierre Lapointe captivant

Le chanteur n’a pas décu ses fans hier soir alors qu’il livrait sa première représenta­tion de La science du coeur

- SAMUEL PRADIER

Très attendu, Pierre Lapointe n’a pas déçu, bien au contraire, pour la première représenta­tion de La science du coeur, hier soir, au Théâtre Maisonneuv­e de la Place des Arts, dans le cadre des Francos de Montréal, devant un public très attentif.

Pour les Francos, Pierre Lapointe nous avait habitués à créer des spectacles-concepts originaux, qui ne duraient que quelques soirées et dans lesquels il poussait plus loin son énergie créative. Cette fois-ci, il nous convie simplement à une représenta­tion du spectacle qu’il promène depuis quelques mois des deux côtés de l’Atlantique. Après une ouverture assez froide avec Qu’il

est honteux d’être humain et Un coeur, deux chansons tirées de son dernier album, le chanteur a avoué: « Je suis content de présenter ce spectacle au Francos, parce que c’est l’été, il fait chaud. Et, habituelle­ment, l’été, les gens sont heureux. Je me sens ainsi moins coupable, parce que ce spectacle n’est vraiment pas joyeux. Et ce n’est pas parce que je porte des vêtements colorés, il ne faut pas vous fier à ça. »

Avec ses deux musiciens, Amélie Fortin au piano et João Catalão au marimba, le chanteur évolue dans une espèce de bulle, délimitée par des bâtons lumineux qui changent de couleur en fonction des ambiances musicales. Le mélange des deux instrument­s fait complèteme­nt oublier les orchestrat­ions originales, permettant ainsi de saisir toutes les subtilités des textes, qui sont éminemment bien écrits.

MÉLANCOLIE DÉCHIRANTE

On dirait d’ailleurs que le chanteur a puisé dans son répertoire toutes les chansons déprimante­s qui mettent en avant des amours illusoires, vaines, déprimante­s ou vouées l’échec. La mélancolie déchirante des chansons comme Les sentiments

humains, Les lignes de la main ou Je déteste ma vie est aussi poétique et belle que contagieus­e. Le public était d’ailleurs suspendu aux lèvres du chanteur, aucun bruit dans la salle, et applaudiss­ait à tout rompre entre chaque chanson, comme pour compenser les paroles tristes et sombres.

Après un long préambule assez drôle, racontant l’anecdote qui lui a permis d’écrire cette chanson, il s’est mis derrière le clavier du piano pour chanter Le retour d’un amour , qu’il a enchaîné avec Une lettre, avec une musique signée par Daniel Bélanger, dont Lapointe est un grand fan.

L’étrange route des amoureux et Prince Charmant représenta­ient le seul segment « joyeux » de la soirée, « aussi joyeux que si vous passiez une soirée de Noël tout seul », a-t-il précisé.

Comme à son habitude, Pierre Lapointe parle beaucoup entre les chansons, et ses interventi­ons sont souvent empreintes de beaucoup d’humour et souvent d’autodérisi­on.

Ce spectacle, aussi intense que sobre, est l’écrin parfait pour les chansons de Pierre Lapointe qui sont comme des petits bijoux finement ciselés qui touchent directemen­t le coeur de tous ceux qui les reçoivent.

 ?? PHOTO AGENCE QMI, JOËL LEMAY ?? L’auteur-compositeu­r-interprète lors de sa prestation d’hier aux Francos.
PHOTO AGENCE QMI, JOËL LEMAY L’auteur-compositeu­r-interprète lors de sa prestation d’hier aux Francos.

Newspapers in French

Newspapers from Canada