Explosion de plaintes pour l’absence de français
OTTAWA | Le torchon brûle entre le chien de garde des quelque 600 000 Franco-Ontariens et la Ville d’Ottawa, qui refuse de se soumettre à son autorité, malgré l’adoption d’une loi officialisant le caractère bilingue de la capitale et l’explosion des plaintes.
Le Commissariat aux services en français de l’Ontario a la responsabilité d’entendre les plaintes de citoyens estimant leurs droits linguistiques lésés. Mais la Ville d’Ottawa refuse de lui offrir sa coopération, sous prétexte que cet agent du parlement ontarien n’a pas l’autorité en la matière.
« Je pense que j’ai toujours eu la compétence d’enquêter. La Ville n’est pas d’accord avec moi. Je pense que la nouvelle loi renforce le fait que j’ai le droit d’enquêter sur les plaintes concernant des manquements sur les services en français dans la ville d’Ottawa », argue le commissaire François Boileau.
L’administration municipale prétend de son côté que le « projet de loi ne statue pas sur le mandat ou les pouvoirs du commissaire aux services en français, tout comme il n’y apporte aucun changement ».
PLUS DE PLAINTES
Comment peut-on qualifier les relations entre la capitale fédérale et M. Boileau ? Ce dernier prend une longue pause avant de répondre.
« Ce n’est pas un grand succès en ce moment, dit-il, prudent. On s’obstine sur des assises juridictionnelles et non pas sur comment on peut mieux desservir les citoyens d’Ottawa. »
De son côté, la Ville préfère gérer à l’interne la résolution des plaintes de citoyens, au lieu de s’exposer à la critique du commissaire indépendant. Des plaintes qui se sont d’ailleurs multipliées l’an dernier, passant de 23 en 2016 à 47 en 2017.
La Ville d’Ottawa admet que la loi officialisant son statut bilingue n’étend pas son obligation d’offrir encore plus de services en français. Elle y voit plutôt la preuve du « bien-fondé de l’approche actuelle ».
TRIBUNAUX
Il n’est pas impossible que le bras de fer entre le commissaire Boileau et la Ville se transporte devant les tribunaux.
« J’espère qu’on n’aura pas à se rendre jusque là. Je veux construire un dialogue », propose-t-il, diplomate.
D’ici là, M. Boileau va continuer d’enquêter sur la capitale fédérale dans la mesure du possible. Il soutient toutefois que cela est « difficile lorsque l’autre partie n’envoie pas les documents qu’on souhaite obtenir ».