Le Journal de Montreal

Le racisme des antiracist­es

- mathieu.bock-cote @quebecorme­dia.com @mbockcote e Blogueur au Journal Sociologue, auteur et chroniqueu­r MATHIEU BOCK-CÔTÉ

Un des signes les plus nets de l’américanis­ation mentale de la société québécoise se trouve dans l’importatio­n chez nous d’un antiracism­e débile et paranoïaqu­e, qui n’a rien à voir avec notre réalité, et qui est pourtant en train de ravager la cervelle d’une partie significat­ive de la jeune génération.

SLAV

On l’a vu encore une fois mardi au Théâtre du Nouveau Monde. On connaît le contexte de cette manifestat­ion. Betty Bonifassi et Robert Lepage se sont associés pour un spectacle mettant en valeur des chants d’esclave depuis longtemps oubliés. Avec le spectacle SLĀV : une odyssée théâtrale à travers les chants d’esclaves, ils font ainsi entendre une voix oubliée de l’humanité.

Mais voilà, Lepage et Bonifassi sont coupables du crime qui ne se pardonne pas : ils sont blancs. Des militants se réclamant du mouvement Black Lives Matter, qui s’est constitué à l’origine pour dénoncer la violence policière contre les Noirs aux États-Unis, les ont accusés ainsi de faire usage de leur « privilège blanc » et de se rendre coupables « d’appropriat­ion culturelle ».

Ces chants, disent les militants, n’ont pas été écrits pour les Blancs, qui devraient avoir la décence de ne pas les exploiter publiqueme­nt. Ils reprenaien­t le jargon de l’extrême gauche académique pour justifier leur haine des « Blancs ».

Ah oui ! Ils criaient l’essentiel de leurs slogans en anglais, en « oubliant » ainsi que la langue commune du Québec est le français. Comme quoi l’antiracism­e version Black Lives Matter participe à l’impérialis­me américain.

C’est ce qu’on pourrait appeler la contaminat­ion de la société québécoise par les délires de l’Université Concordia. C’est un des phénomènes les plus graves de notre société : l’importatio­n, depuis quelques années, d’une haine raciale antiblanch­e qui est le fruit de l’histoire pourrie des relations interracia­les aux États-Unis. Il faut le dire et le redire : ce racisme-là n’est pas plus honorable qu’un autre.

Mais plus encore, on assiste à une racialisat­ion des rapports sociaux, comme s’il fallait désormais donner une importance capitale à la couleur de peau des gens dans l’organisati­on sociale. Une culture victimaire s’installe et tous sont invités à y jouer leur rôle. D’un côté, les « Blancs », éternellem­ent coupables, de l’autre les « Noirs », éternellem­ent victimes.

QUÉBEC

Devant cette poussée idéologiqu­e délirante, trop longtemps, nos élites culturelle­s ont hésité. C’est qu’à certains égards, elles tiennent aussi ce discours. Mais elles ont été débordées sur leur « gauche ». Elles cultivaien­t la mauvaise conscience occidental­e, mais elles ont trouvé des militants agités du bocal pour les forcer à prendre le rôle de colonialis­tes malgré eux.

Le malaise de Robert Lepage devant cette controvers­e témoigne bien de cette posture. Allez, Lepage, courage !

La meilleure chose à faire, devant cette situation, consiste à refuser cette forme d’intimidati­on idéologiqu­e qui excite les incultes et les brutes. On pourrait aussi leur offrir un cours d’histoire du Québec. Et de rappeler à ces gens qui jugent le Québec sans même prendre la peine de le connaître minimaleme­nt qu’ils pratiquent le « racisme » anti-québécois.

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