Accurso au bord de la faillite
L’entrepreneur accepte sa culpabilité et saura jeudi prochain s’il ira en prison
Épuisé tant mentalement que financièrement après cinq ans de lutte devant les tribunaux, l’entrepreneur déchu Tony Accurso rend les armes. Il se dit au bord de la faillite et est prêt à accepter une peine de prison pour avoir participé au trucage des contrats publics à Laval pendant 14 ans.
« SI LE CIEL NE S’ÉCLAIRCIT PAS, M. ACCURSO VA FAIRE FAILLITE. ÇA POURRAIT ÊTRE AU MOIS DE JUILLET CETTE ANNÉE. » – Marc Labelle, avocat de la défense
Jadis à la tête d’un empire commercial de 4500 employés, dont le chiffre d’affaires annuel a atteint 1 milliard de dollars, Accurso avait la mine sombre hier au palais de justice de Laval.
Il a décliné l’occasion de s’adresser au juge James Brunton, de la Cour supérieure, qui entendait les arguments de la couronne et de la défense au sujet de la peine dont il écopera.
Son avocat, Marc Labelle, a par contre été très loquace en expliquant à la cour la situation financière de son client.
« Si le ciel ne s’éclaircit pas, M. Accurso va faire faillite. Ça pourrait être au mois de juillet cette année », a-t-il affirmé.
L’avocat de la défense avait beau jeu d’insister sur la « déchéance » financière de son client, pour reprendre un terme qu’il a utilisé.
Il tente d’obtenir pour son client une peine clémente, de préférence à purger dans la collectivité, plutôt que derrière les barreaux (voir autre texte).
CORRUPTION ET FRAUDE
L’entrepreneur arrêté en 2013 a été reconnu coupable lundi de cinq chefs d’accusation, dont corruption, fraude, abus de confiance et complot.
Ses entreprises ont participé à un stratagème dirigé par l’ex-maire de Laval Gilles Vaillancourt, dans le cadre duquel elles versaient des pots-de-vin de 2 % de la valeur des contrats truqués qu’elles recevaient.
Hier, c’est le juge Brunton qui a insisté pour connaître la situation financière de Tony Accurso.
« S’il [Accurso] est en train de gérer des actifs de 50 M$, on n’a pas nécessairement la larme à l’oeil en situation semblable », a-t-il fait remarquer.
L’avocat de la défense a précisé que son client, qui a aujourd’hui vendu la plupart de ses entreprises, dont Louisbourg et Simard-Beaudry, ne vaut plus aujourd’hui que 10 M$.
IL LUI RESTE SA MAISON
Mais en raison de plus de 900 chefs d’infraction en matière fiscale qui pèsent toujours sur lui et sur ses anciennes firmes, ce pécule pourrait s’évaporer rapidement.
« Toutes ses propriétés, tous ses avoirs sont pris en garantie par Revenu Québec. […] À ce moment-ci, M. Accurso, il lui reste sa maison », a tristement fait valoir le plaideur.
La luxueuse résidence de l’entrepreneur, en bordure de l’eau à Deux-Montagnes, vaut tout de même plus de 2,7 M$ selon l’évaluation municipale la plus récente.
Rien ne dit que le juge sera sensible à ces arguments lorsqu’il déterminera s’il doit envoyer ou non le célèbre entrepreneur en prison.
D’ailleurs, Me Richard Rougeau, de la Couronne, a soulevé que le clan Accurso n’avait fourni aucune preuve pour soutenir la thèse de la faillite imminente.
Le magistrat doit rendre sa décision jeudi prochain.