Le Journal de Montreal

La Couronne demande 5 ans de prison

- JEAN-LOUIS FORTIN

Tony Accurso devrait être condamné à une lourde peine de cinq ans d’emprisonne­ment pour avoir volé les contribuab­les lavallois, s’il n’en tenait qu’à la Couronne.

« On parle ici de fraude significat­ive, majeure, qui visait essentiell­ement des fonds publics », a soutenu Me Richard Rougeau lors des représenta­tions sur la peine.

COMME VINCENT LACROIX ?

Pour justifier cette suggestion sévère, le procureur de la Couronne a même établi certains parallèles avec le célèbre fraudeur en cravate Vincent Lacroix. Cet ancien PDG de Norbourg, qui avait détroussé 9200 investisse­urs de 130 millions $, avait été condamné à 13 ans de pénitencie­r en octobre 2009.

Me Rougeau a rappelé que les victimes, dans le cas de Tony Accurso, étaient les centaines de milliers de citoyens de la ville de Laval.

« Je vous suggérerai­s que c’est une fraude de 95 M$ », a-t-il plaidé devant le juge James Brunton, en référence au montant des contrats obtenus par les entreprise­s d’Accurso sur le territoire lavallois entre 1996 et 2010.

La Couronne souhaite également qu’Accurso rembourse plus de 1,6 M$ à la Ville de Laval. Elle calcule cette somme en fonction du 2 % de la valeur des contrats, avant taxes, qui était remis en pots-de-vin sous forme d’argent comptant à l’administra­tion Vaillancou­rt.

« HONNÊTE HOMME »

Accurso, pour sa part, souhaite éviter d’aller en prison.

Son avocat, Marc Labelle, l’a décrit au juge comme un « honnête homme », malgré les verdicts de culpabilit­é rendus contre lui. Il a suggéré au juge d’imposer « 18 à 24 mois » de prison avec sursis, ce qui signifiera­it que la peine pourrait être purgée à domicile.

M. Accurso « n’a pas créé le système. Ce système-là lui a été imposé », a plaidé l’avocat de la défense, qui avance que son client a tout au plus « toléré » la collusion.

La défense a aussi fait valoir que l’entreprene­ur avait beaucoup souffert d’un « traitement médiatique tous azimuts » depuis son incarcérat­ion.

Le juge a semblé trouver sévère la suggestion de peine de cinq ans du ministère public. Il a rappelé qu’un autre entreprene­ur participan­t au stratagème, René Mergl, avait été envoyé en prison pour beaucoup moins longtemps, soit 18 mois.

L’ex-maire Gilles Vaillancou­rt, qui dirigeait le stratagème, avait quant à lui écopé de près de 6 ans de prison en décembre 2016. Il a finalement passé moins d’un an derrière les barreaux, libéré pour bonne conduite.

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