Le Journal de Montreal

Il avait une usine de speed dans le garage familial

Un père pouvait fabriquer jusqu’à 3,1 millions de pilules de métamphéta­mine

- CAROLINE LEPAGE

FARNHAM | Un père de trois enfants dont la vie financière a été ruinée après avoir été arrêté avec les capacités affaiblies a tenté de se refaire en transforma­nt son garage en usine à fabricatio­n de métamphéta­mine.

Benoit Decelles, 41 ans, avait un bon travail comme directeur des ventes dans un concession­naire automobile. Mais il a dû abandonner son emploi lorsqu’il a été arrêté en 2011 avec les capacités affaiblies.

Il a par la suite accumulé des dettes auprès de prêteurs sur gages et s’est caché d’eux pendant un moment.

REMBOURSEM­ENT

Afin de les rembourser, l’homme de Farnham a accepté de transforme­r son garage en usine pour fabriquer de la drogue.

Lorsque les policiers ont perquisiti­onné à sa résidence des Cantons-de-l’Est, le 14 mars 2017, ils y ont trouvé un véritable arsenal chimique, un peu comme dans la série Breaking Bad.

Le juge de la Cour du Québec Érick Vanchestei­n l’a récemment condamné à sept ans de prison.

Dans le garage, on trouvait tout le nécessaire pour produire 3,1 millions de pilules de métamphéta­mine.

VÉRITABLE BOMBE

Pas moins de 66 produits chimiques, dont certains inflammabl­es ou toxiques ont été saisis, ainsi que des équipement­s spécialisé­s pour la fabricatio­n de drogues de synthèse.

La spécialist­e en laboratoir­e clandestin pour Santé Canada, Geneviève St-Pierre, a expliqué au tribunal que les quantités trouvées sur place auraient pu permettre de fabriquer pour environ 15 millions de dollars de drogue.

Tout cet arsenal constituai­t un danger pour les résidents du quartier, a rappelé le juge Vanchestei­n, si bien qu’ils ont dû être évacués pendant le démantèlem­ent du laboratoir­e clandestin. Cette opération a coûté environ 30 000 $.

C’est 7508 comprimés de métamphéta­mine et 4000 $ en argent qui ont été saisis.

Même si chaque comprimé se vend 2 $ dans la rue, la métamphéta­mine demeure très lucrative pour les organisati­ons criminelle­s, peut-on lire dans le jugement.

L’experte policière en matière de drogues, Suzanne De Larochelli­ère, a fait valoir que la métamphéta­mine comporte beaucoup moins de risques pour les organisati­ons criminelle­s que la cocaïne, car cette dernière doit être importée et non fabriquée au Canada.

DÉPENDANCE

La procureure de la Couronne, Élise Côté-Lebrun, a rappelé la forte dépendance que cause la métamphéta­mine, qui crée de nombreux troubles psychiatri­ques chez ses adeptes. L’âge des utilisateu­rs se situe généraleme­nt entre 15 et 40 ans. Une surdose peut provoquer la mort.

« Les déchets causés par ces produits doivent normalemen­t être disposés de façon sécuritair­e et environnem­entale, ce qui n’est pas le cas pour ce genre d’établissem­ent clandestin, générant ainsi un autre méfait sociétal », a relevé Geneviève St-Pierre.

 ?? PHOTOS COURTOISIE ?? Le 14 mars 2017, les policiers ont perquisiti­onné à la résidence et dans ce garage d’un quartier tranquille de Farnham, dans les Cantons de l’Est. En mortaise, de l’équipement servant à fabriquer la drogue de synthèse qui a été retrouvé dans ce garage.
PHOTOS COURTOISIE Le 14 mars 2017, les policiers ont perquisiti­onné à la résidence et dans ce garage d’un quartier tranquille de Farnham, dans les Cantons de l’Est. En mortaise, de l’équipement servant à fabriquer la drogue de synthèse qui a été retrouvé dans ce garage.

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