Le Journal de Montreal

Lafarge inculpé de complicité de crimes contre l’humanité

Paul Desmarais Jr. est administra­teur de l’entreprise et a été interrogé par la police

- JEAN-FRANÇOIS CLOUTIER

Le cimentier LafargeHol­cim, dont le Québécois Paul Desmarais Jr. est administra­teur et actionnair­e, a été inculpé hier de complicité de crimes contre l’humanité pour avoir financé le groupe terroriste État islamique en Syrie, une accusation rarissime et extrêmemen­t grave.

Les procureurs de l’État français estiment avoir réuni à la suite d’une enquête de longue haleine des « indices graves et concordant­s » contre le cimentier français, qui possède notamment d’importante­s installati­ons à Saint-Constant, sur la RiveSud de Montréal.

C’est la première fois qu’une entreprise occidental­e fait face à de possibles sanctions pour crimes contre l’humanité.

Selon les résultats de l’enquête, Lafarge aurait versé plus de 15 millions $ US entre 2011 et 2014 à différents groupes terroriste­s, dont l’État islamique, pour pouvoir continuer d’opérer une cimenterie flambant neuve dans le nord de la Syrie pendant la guerre civile.

Le groupe État islamique s’est rendu coupable des pires exactions, en filmant notamment l’exécution de nombreux otages.

La justice a ordonné hier la « mise en examen » de LafargeHol­cim pour « complicité de crimes contre l'humanité », « financemen­t d'une entreprise terroriste », « mise en danger de la vie » d'anciens salariés de son usine syrienne de Jalabiya au nord du pays et « violation d'un embargo », a rapporté l’Agence FrancePres­se de source judiciaire. Une mise en examen n’équivaut pas à une mise en accusation, bien qu’elle pourrait mener à d’éventuelle­s accusation­s.

DESMARAIS INTERROGÉ

Le Québécois Paul Desmarais Jr., coPDG de Power Corporatio­n, siège au conseil d’administra­tion de Lafarge depuis 2008. Le holding GBL, contrôlé par les familles Desmarais et Frère, était de plus le premier actionnair­e de Lafarge (avec 20 % du capital) au moment des faits reprochés. Malgré la controvers­e, M. Desmarais Jr. a dit en avril vouloir se faire réélire au C.A. de Lafarge.

Les bureaux de GBL en Belgique ont été perquisiti­onnés à la fin 2017. Le Québécois Paul Desmarais Jr. y a été interrogé par la police belge et son téléphone a été mis sur écoute, tout comme d’autres administra­teurs de GBL. M. Desmarais ne fait l’objet d’aucune accusation personnell­ement.

Ce dernier a nié dans une déclaratio­n lue lors de la dernière assemblée annuelle de Power en mai avoir été au courant des paiements à l’État islamique. « Je tiens à réaffirmer que le conseil d’administra­tion de Lafarge n’a été informé des éléments visés par l’enquête en cours qu’en 2016 lorsque révélés par les médias », a-t-il dit.

LafargeHol­cim « fera appel des infraction­s reprochées qui ne reflètent pas équitablem­ent les responsabi­lités de Lafarge SA », a réagi hier l’entreprise par voie de communiqué.

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