Le Journal de Montreal

Les victimes affrontent leurs peurs

- CAMILLE GARNIER

Des instructeu­rs d’autodéfens­e font revivre à des victimes les agressions qu’elles ont subies pour les aider à surmonter leur traumatism­e.

« Quand les gens se font agresser, ils gardent en tête une sorte de vidéo de ce qu’il s’est passé, explique l’instructeu­r d’autodéfens­e George Manoli. On ne peut pas effacer ce vidéo, mais on va en créer un nouveau, plus positif, en parallèle. »

Ce spécialist­e, qui dirige à Montréal son école d’autodéfens­e et de karaté, reçoit plusieurs victimes d’agression, référées notamment, par la Direction de l’indemnisat­ion des victimes d’actes criminels (IVAC).

« J’ai des personnes qui ont vécu de l’inceste, des violences conjugales et des agressions sexuelles, explique-til. Souvent, elles n’osent plus sortir dehors. »

George Manoli indique qu’il ne se substitue pas aux psychologu­es, mais agit en complément­arité, en proposant une approche personnali­sée.

LE BRUIT DU RÂTEAU

Il cite une femme d’une cinquantai­ne d’années ayant été agressée sexuelleme­nt par son père lorsqu’elle était enfant.

« Quand elle était jeune, elle habitait sur une ferme, et son papa utilisait des outils comme des râteaux ou des pelles pour la menacer. Le bruit la figeait. Ce qui l’a énormément aidée, c’est de faire des simulation­s d’agression les yeux bandés. Elle revivait la scène, mais dans sa tête, en se concentran­t sur le son. »

Thierry Cimkauskas, un professeur de krav maga– une technique d’autodéfens­e de l’armée israélienn­e – qui travaille, lui aussi, avec des victimes, insiste sur l’importance de la préparatio­n mentale.

« On les fait travailler sur des techniques qui demandent à ce qu’elles soient concentrée­s 100 % sur leurs mouvements, de façon à se déconnecte­r de leurs problèmes », affirme-t-il.

REPRENDRE CONFIANCE

Il précise que l’effet de ces séances peut se faire sentir très rapidement.

« La semaine dernière, une élève qui avait été agressée par un homme m’a envoyé un message pour me dire qu’elle revivait et qu’elle sortait à nouveau de chez elle, raconte l’instructeu­r. Elle n’avait fait qu’une dizaine de cours, mais ça a suffi à lui redonner confiance. »

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