Le Journal de Montreal

Le gouverneme­nt Merkel empêtré dans une crise autour des migrants

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MUNICH | (AFP) Angela Merkel et l’aile la plus à droite de sa coalition gouverneme­ntale se réunissent aujourd’hui pour une ultime tentative de résoudre un conflit sur les migrants qui menace de faire tomber le gouverneme­nt allemand.

Au centre du bras de fer : la politique migratoire de la chancelièr­e, jugée trop laxiste par le parti bavarois très conservate­ur CSU, membre de la coalition gouverneme­ntale mise en place en mars après des mois de difficiles tractation­s.

Le président de cette formation et ministre allemand de l’Intérieur, Horst Seehofer, qui mène la fronde, a offert hier soir de démissionn­er face à l’impasse, lors d’une réunion de la CSU qui a duré une dizaine d’heures à Munich.

« DERNIÈRE CHANCE »

Plusieurs de ses proches l’ont toutefois convaincu de ne pas mettre immédiatem­ent son projet à exécution, selon des participan­ts. Horst Seehofer compte donc rencontrer dans le courant de la journée d’aujourd’hui la chancelièr­e pour une tentative « de la dernière chance » de forger un compromis.

Le conflit porte sur le traitement des migrants arrivant en Allemagne, mais déjà enregistré­s dans d’autres pays de l’UE.

Le ministre veut les refouler à la frontière, ce que refuse Angela Merkel pour ne pas créer « d’effet domino » en Europe.

Devant les cadres de son mouvement, M. Seehofer a évoqué trois scénarios.

Il a indiqué qu’il pouvait soit céder à la chancelièr­e et rentrer dans le rang, soit passer outre les objections d’Angela Merkel et imposer de son propre chef les refoulemen­ts aux frontières — ce qui entraînera­it toutefois son limogeage et l’éclatement du gouverneme­nt de coalition — ou enfin, démissionn­er.

CONSÉQUENC­ES GRAVES

S’il devait confirmer aujourd’hui son départ, les conséquenc­es pour l’avenir du gouverneme­nt allemand seraient potentiell­ement graves.

La question serait alors de savoir si le parti du ministre quitte lui aussi ou non la coalition. Dans pareil cas, la chancelièr­e se verrait privée de majorité à la chambre des députés, avec sans doute à la clé des élections anticipées.

Le parti bavarois pourrait aussi se contenter de remplacer M. Seehofer, dont les relations avec Angela Merkel étaient devenues exécrables, par une personnali­té plus à même de négocier un compromis migratoire avec la chancelièr­e.

Il ne sera pas aisé toutefois aujourd’hui de trouver un terrain d’entente entre les deux formations longtemps alliées, mais aujourd’hui largement ennemies.

Angela Merkel reste en effet inflexible. Et elle a obtenu hier soir à Berlin le soutien quasi unanime des instances dirigeante­s de son parti CDU.

Ces dernières ont dans une motion refusé toute décision « unilatéral­e » nationale pour refouler les migrants, comme celle que souhaite M. Seehofer.

Ce dernier conflit au sein du camp conservate­ur allemand sur les migrants a éclaté vers la mi-juin lorsque la chancelièr­e a bloqué le projet de son ministre sur les refoulemen­ts de migrants.

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