Le Journal de Montreal

CINQ GRANDS ENJEUX QUI PRÉOCCUPEN­T LOUIS VACHON

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Intelligen­ce artificiel­le

Depuis près de cinq ans, la Banque Nationale investit en intelligen­ce artificiel­le « à profit », précise Louis Vachon. D’ici la fin de l’année, l’institutio­n veut mener à terme 22 petits projets. Le mois dernier, elle a mis la main sur la « bolle des maths » de l’Université de Montréal, Manuel Morales, pour qu’il occupe le poste de scientifiq­ue en chef en intelligen­ce artificiel­le. Le grand patron de la Banque Nationale veut que tous ses départemen­ts, sans exception, intègrent ses outils, tout en prenant bien soin de mesurer les nouveaux risques posés par ceux-ci.

Emplois

Personne ne sait combien d’emplois seront perdus en raison de l’automatisa­tion, estime Louis Vachon. « Ce n’est pas clair du tout », résume-t-il. M. Vachon ne comprend pas pourquoi le PDG de Citigoup, Jamie Forese, a dit qu’il allait devoir supprimer 10 000 postes d’ici cinq ans avec l’arrivée des robots. « Nous, on utilise déjà l’intelligen­ce artificiel­le et nous n’avons pas coupé de postes dans les marchés de capitaux », précise-t-il. M. Vachon reconnaît par ailleurs certains gains de productivi­té. Par exemple, à la Banque Nationale, un seul cambiste peut désormais faire le travail de 50 employés en surveillan­t 1300 titres au Canada grâce à un puissant ordinateur.

Nature humaine

Contrairem­ent à certains concurrent­s, Louis Vachon affirme qu’il refuse de hisser la technologi­e au sommet des priorités de l’institutio­n qu’il dirige. Selon lui, la culture et le talent sont aussi importants que la techno. « La base de l’économie de marché, la base de la société, c’est la nature humaine. Ce n’est pas les algorithme­s. Ce n’est pas les applicatio­ns », lance-t-il. La révolution technologi­que en cours est d’abord et avant tout une révolution culturelle, insiste M. Vachon. « Le facteur de différenci­ation principal pour une compagnie comme la nôtre va demeurer le facteur humain », pense-t-il.

Bitcoin

Louis Vachon n’est pas un partisan des cryptomonn­aies. « C’est déjà une bulle, c’est démontré. On était à 16 000 $, on est déjà rendu à 7000 $. Ce n’est pas une monnaie non plus. Tu peux l’utiliser pour payer à peu près nulle part », tranche-til. Le patron de la Banque Nationale ajoute que la valeur du bitcoin fluctue trop et qu’elle ne peut pas non plus être considérée comme étant une valeur refuge. Il rappelle aussi que les entreprene­urs du bitcoin sont moins là pour la mission que pour les profits. « Les rois de la cryptomonn­aie sont là par charité chrétienne ? Je ne le pense pas », laisse-t-il tomber.

Chaînes de blocs

Contrairem­ent aux bitcoins et autres cryptomonn­aies, la technologi­e des chaînes de blocs pique la curiosité du patron de banque. En avril dernier, il a fait une émission de 150 millions de dollars américains (197 millions $ CA) avec une institutio­n traditionn­elle, J.P. Morgan, et a fait la même chose en parallèle sur les chaînes de blocs. « On va voir dans un an. On va voir les résultats. On va le tester. Est-ce que ça va être plus rapide ? Moins coûteux ? Plus sécuritair­e ? », se demande-t-il. M. Vachon doute fort par contre que les chaînes de blocs soient invulnérab­les. « Si je suis piraté, je sais qui est responsabl­e. C’est moi, mon conseil d’administra­tion et les actionnair­es. À la chaîne de blocs, qui est responsabl­e ? Tout le monde et personne ? », s’interroge-t-il.

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PHOTO PIERRE-PAUL POULIN Le PDG de la Banque Nationale Louis Vachon pense que les outils d’intelligen­ce artificiel­le pourront bientôt être utilisés par des employés qui n’auront plus nécessaire­ment besoin d’avoir un doctorat.

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