Le Journal de Montreal

Le mot tabou

Marc Bergevin refuse de parler d’une reconstruc­tion

- Jean-François Chaumont JFChaumont­JDM jean-francois.chaumont @quebecorme­dia.com

Marc Bergevin a décrit son équipe comme jeune et affamée, il a réitéré sa confiance en l’avenir avec les Jesperi Kotkaniemi et Ryan Poehling à la position de centre et il a évoqué la notion de patience pour les partisans. Mais il n’a jamais lui-même abordé le thème le plus important : reconstruc­tion.

« Je ne suis pas prêt à dire que nous faisons une reconstruc­tion, a dit Bergevin d’entrée de jeu. Nous amenons des joueurs du calibre de la LNH, sans sacrifier de jeunes espoirs et nos choix. Nous avons eu 11 choix au dernier repêchage et nous avons déjà neuf choix pour 2019. L’avenir du Canadien est très prometteur. »

Sur le plan stratégiqu­e, le directeur général du Canadien a opté pour la prudence. Malgré un coffre-fort débordant avec près de 18 millions sous le plafond salarial des 79,5 millions, Bergevin n’est pas tombé dans le piège de la surenchère en cette journée souvent dangereuse du 1er juillet.

« Je ne dépenserai pas de l’argent, juste pour dépenser de l’argent, a-t-il prévenu. Mais je garderai mon téléphone ouvert 24 heures sur 24 d’ici les prochains jours. »

AUCUN SAUVEUR

Bergevin a ouvert les portes du vestiaire de son équipe en rapatriant le vétéran Tomas Plekanec (1 an et 2,25 millions) en plus d’attirer le centre de 25 ans Matthew Peca (2 ans et 2,6 millions) et le défenseur de 24 ans Xavier Ouellet (entente d’une saison à deux volets). Le CH a aussi offert des contrats à une multitude de joueurs qui viendront en renfort avec le Rocket de Laval, dont les Québécois Michael Chaput, Alexandre Grenier, Alex Belzile, Maxim Lamarche et Ryan Culkin.

Il n’y a donc aucun sauveur parmi ce groupe. La seule potion magique pour le CH dans le but d’une relance rapide avait pour nom John Tavares. L’ancien des Islanders de New York fera maintenant le bonheur des partisans des Maple Leafs de Toronto.

À la veille de la chasse aux joueurs autonomes, le DG du Tricolore avait ouvert son jeu en utilisant ses nombreux millions pour acquérir un mauvais contrat, celui de Steve Mason des Jets de Winnipeg, contre l’ailier Joel Armia, un choix de 4e tour en 2020 et un autre de 7e tour en 2019. Il a rapidement racheté la dernière année du contrat de Mason à un coût de 1,367 millions pour les deux prochaines années.

Parmi les décisions des dernières heures, le CH ne s’est pas lié les mains avec des contrats à long terme. Seul Peca, un ancien du Lightning et du Crunch de Syracuse, a paraphé une entente de deux saisons.

« Depuis que je suis arrivé à Montréal, je trouve que nous avons le plus beau groupe d’espoirs, a précisé Bergevin. Ils ne sont pas encore ici. Mais je ne voulais pas offrir des contrats de quatre, cinq ou six ans à des joueurs qui empêcherai­ent plus tard des Kotkaniemi, Poehling, [Jacob] Olofsson ou Samuel Houde de progresser. Nous n’étions pas prêts à faire ça. »

L’EXEMPLE DES MAPLE LEAFS

Deux villes canadienne­s, mais deux mondes. À Toronto, les fidèles des Leafs rêvent maintenant d’un premier titre depuis 1967. À Montréal, les partisans des « Glorieux » devront s’armer de patience.

« Notre objectif est de participer aux séries, a répliqué Bergevin. Oui, sur papier, il y a plusieurs équipes devant nous, mais ce n’est pas toujours la meilleure équipe qui l’emporte. Les gars de notre noyau devront mieux jouer que l’an dernier. Nous serons une équipe rapide et nous jouerons avec passion. »

« Avec les Max Domi, Brendan Gallagher, Jonathan Drouin, Artturi Lehkonen et Charles Hudon, nous avons déjà de bons jeunes joueurs, a-t-il enchaîné. Ils grandiront ensemble. Je ne suis pas prêt à parler d’une reconstruc­tion. »

Pour aspirer à des jours plus heureux, les Maple Leafs ont emprunté le long chemin d’une reconstruc­tion. Si Bergevin s’est tenu loin de ce mot pratiqueme­nt sacré, il n’a pas manqué de rappeler qu’ils ont rebâti leur équipe par le repêchage.

« Quand tu regardes le noyau des Leafs, il y a plusieurs gros choix de premier tour : Auston Matthews est un premier choix au total, Mitch Marner était un 4e choix, Morgan Rielly était un 5e choix et Nazem Kadri était un 7e choix. Il y a cinq ans, je ne suis pas certain que John Tavares aurait choisi Toronto. »

Dans son énumératio­n, le DG du Tricolore a oublié William Nylander, le 8e choix au total en 2014. Depuis 2008, les Maple Leafs ont parlé à six reprises parmi le top dix au repêchage. Et ils ont aujourd’hui l’une des meilleures équipes de la LNH. La recette n’est pas compliquée à comprendre : de la patience et de bons repêchages.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada