Le Journal de Montreal

Le grand mensonge

- JOSEPH FACAL joseph.facal@quebecorme­dia.com

Une fausseté inlassable­ment répétée finira par être crue, surtout si on ne riposte pas.

Le PLQ et le patronat québécois l’ont bien compris.

Ils nous chantent en duo que le Québec vit une gravissime pénurie de main-d’oeuvre qui justifie d’accueillir toujours plus d’immigrants.

FAUSSETÉS

Les deux complices y trouvent leur compte.

Le PLQ importe ses futurs électeurs et il fait plaisir au patronat, qui le financera et embauchera les apparatchi­ks et les exélus du parti.

Le patronat, lui, pourra compter sur une maind’oeuvre qui acceptera de bas salaires, ce qui explique en partie que les salaires réels stagnent depuis des décennies, sauf en haut de l’échelle.

C’est un mensonge à deux volets.

Le premier volet est de faire croire à une pénurie généralisé­e, alors qu’elle est localisée.

Le deuxième volet est de faire croire que l’immigratio­n serait LA solution par excellence, alors qu’elle n’est qu’un outil parmi d’autres et pas le principal.

On voit certes beaucoup de pancartes demandant de la main-d’oeuvre.

Comme l’expliquait récemment l’économiste Pierre-André Julien, si on se donnait la peine d’interroger les patrons d’usines, on verrait qu’ils veulent surtout se constituer des listes d’employés disponible­s, pour être prêts si les ventes se mettaient à augmenter.

Julien estime que, dans les entreprise­s manufactur­ières québécoise­s, les équipement­s ne fonctionne­nt que 35 % du temps disponible. Augmentez le temps d’utilisatio­n et vous aurez besoin de moins de bras.

Des travailleu­rs mieux formés seraient aussi beaucoup plus productifs, ce qui réduirait le besoin de bras supplément­aires. Mais la formation coûte plus cher au patron qu’embaucher un immigrant qui se contentera de peu.

Si on facilitait le travail à temps partiel, beaucoup de gens repoussera­ient la retraite ou des retraités reviendrai­ent au travail. Une partie de la supposée pénurie disparaîtr­ait.

Mon collègue Léo-Paul Lauzon a aussi raison de se demander pourquoi on subvention­ne des entreprise­s à coups de milliards au nom de la création d’emplois… s’il y a tant d’emplois vacants.

Dans la restaurati­on ou le commerce de détail, surtout l’été, les étudiants qui occupent ces emplois veulent qu’on leur garantisse assez d’heures, ce qui montre que l’employeur n’est pas désespéré.

ÉTUDES

La récolte des fruits ou les entrepôts frigorifié­s s’appuient sur une maind’oeuvre importée, parce que les travailleu­rs d’ici ne veulent pas ces emplois.

Augmentez les salaires et vous verrez disparaîtr­e cette supposée pénurie. Mais l’employeur économise de l’argent en faisant venir un Guatémaltè­que pour quelques mois.

Et si l’immigratio­n était une panacée, il n’y aurait pas de tels taux de chômage chez les nouveaux arrivants.

Pour chaque « étude » sur cette pénurie produite par un universita­ire payé pour parvenir à la conclusion souhaitée par les patrons qui le financent, je peux vous en sortir une qui dit le contraire.

Une fausseté inlassable­ment répétée finira par être crue, surtout si on ne riposte pas.

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