À la hauteur de son talent
Herbie Hancock fait un retour remarqué au Festival de Jazz
Huit ans après sa dernière venue au Festival International de Jazz de Montréal (FIJM), Herbie Hancock était de retour, hier soir, dans une salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts comble. Vu l’accueil qu’il a reçu en arrivant sur scène, les fans s’étaient visiblement ennuyés de sa présence.
« On va vous jouer quelques trucs, a-t-il dit, après avoir félicité Thundercat pour sa première partie. Relaxez, attachez vos ceintures. On y va. »
Pendant les 20 premières minutes, Hancock et ses trois musiciens ont concocté des ambiances sonores qui évoquaient aussi bien les sonorités des fonds marins que des atmosphères spatiales, qui pouvaient parfois faire frissonner. Le musicien de 78 ans alternait entre le piano et ses synthétiseurs.
Assister à une performance d’Herbie Hancock, c’est beaucoup plus qu’écouter des morceaux s’enchaîner. On assiste à des fulgurances musicales complètement déconcertantes.
FORMULE ÉPROUVÉE
S’il élabore actuellement de nouvelles sonorités et emmagasine de nouvelles influences avec le jeune compositeur Terrace Martin, Herbie Hancock a toutefois choisi une formule classique et éprouvée pour son concert en sol québécois.
Il était donc entouré de ses fidèles complices James Genus, qui officie également à l’émission Saturday Night Live, à la basse; Trevor Lawrence Jr. à la batterie et Lionel Loueke à la guitare.
Le musicien n’est pas forcément très jasant sur scène, laissant toute la place à la musique et à l’improvisation, mais quand il s’agit de présenter, ça donne un moment très drôle, rempli d’amour, de respect et d’admiration.
Actual Proof, Cantaloupe Island ou encore Chameleon ont bien entendu fait partie des pièces d’anthologie que Herbie Hancock et ses musiciens nous ont offertes au cours de cette soirée mémorable.
NOUVELLE GÉNÉRATION
Avec son bermuda orange, assorti à la couleur de ses bas et de... sa chevelure, Stephen Brunner, alias Thundercat, est venu distiller ses compositions en première partie.
Le petit génie californien de 33 ans a partagé quelques-uns des morceaux de son dernier album, Drunk, sorti en février 2017, d’autres de ses premiers albums, comme Them Changes, ainsi que des chansons élaborées lors de ses foisonnantes collaborations avec Kendrick Lamar, comme Complexion.
Ses pièces fusionnent le jazz avec une multitude d’influences, tant hip-hop qu’électro, surfant sur sa voix de contre-ténor planante. Il était, comme toujours, accompagné de ses acolytes, aussi talentueux que lui, Dennis Hamm aux claviers et Justin Brown à la batterie.
Au cours de sa prestation impeccable, Thundercat a surtout impressionné par son doigté exceptionnel et ses lignes de basses magnifiques.