Le Journal de Montreal

Quel avenir pour le Jazz ?

- CLAUDE VILLENEUVE Directeur Opinions claude.villeneuve@quebecorme­dia.com @vclaude

Le jazz, son frère le blues, leur neveu le rock’n’roll et leur petit-fils le hip-hop forment ensemble ce qui constitue la contributi­on la plus originale et le plus influente de l’Amérique au patrimoine culturel de l’humanité.

Ainsi, ilyaà la fois une douce ironie et une injustice choquante dans le fait que la voix de ceux qui furent asservis pour la bâtir devienne sa carte de visite. C’est le paradoxe de cette musique dite noire. C’est à la fois par elle que ceux dont l’humanité a été niée reprennent la parole, mais c’est aussi quelque chose qui leur fut volé pour rayonner.

UNE TENSION

L’histoire de cette musique est ponctuée de cette tension. Les Rolling Stones, comme tant d’autres artistes, ont connu leurs premiers succès en piquant les chansons d’artistes noirs oubliés. Le personnage du producteur véreux qui exploite un créateur vulnérable est trop récurrent dans la fiction pour faire comme s’il ne décrivait pas une réalité.

À l’origine du Festival Internatio­nal de Jazz, il y avait cette volonté de rendre ses titres de noblesse à une scène importante dans l’identité de cette ville, animée par des Montréalai­s illustres comme Oliver Jones, Oscar Peterson et Charles Biddle. Avec le temps, le « Jazz » est devenu une espèce de fourre-tout où des artistes issus de tous les horizons étaient invités. C’était un endroit où tous se rencontrai­ent et se mélangeaie­nt.

On s’appropriai­t et on se réappropri­ait, tous ensemble.

MOINS DIVERSIFIÉ­E

Maintenant, ça va devoir changer. En reconnaiss­ant la pièce SLĀV comme de l’appropriat­ion culturelle, le FIJM s’oblige à revoir l’ensemble de son approche de programmat­ion et à la soumettre à la logique des militants qui se sont rendus devant le TNM.

En ressortira nécessaire­ment une programmat­ion moins diversifié­e, moins métissée et donc plus prudente et convention­nelle. L’offre sera moins vaste.

Pas sûr que le FIJM, en reculant devant la controvers­e, savait vraiment dans quoi il s’embarquait. Dans l’absolu, le « Jazz » comme on le connaissai­t à Montréal est désormais chose du passé.

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