Le Journal de Montreal

LOUISE DESCHÂTELE­TS

- louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Devrait-on pardonner à quelqu’un d’aussi mauvais ?

Je suis mariée avec le père de mes trois enfants depuis dix ans. Fille unique avec des parents aimants, chaleureux et généreux, je n’avais pas moins envie de me glisser dans la famille de cinq enfants de mon conjoint, avec l’espoir de briser une certaine solitude. D’autant plus que pendant les deux années de nos fréquentat­ions, mes parents étaient décédés l’un après l’autre du cancer. Totalement seule au monde désormais, je n’avais qu’une envie, me refaire une grande famille.

Dès le départ cependant, j’avais cru remarquer que ma belle-mère avait le don de mettre son nez dans les affaires de tout le monde. Particuliè­rement dans celles de ses quatre filles qui étaient à son service, comme son mari d’ailleurs, à la manière des domestique­s d’autrefois. Mais je ne m’en étais pas méfié, vu que personne ne semblait s’en faire avec ça. Dès la naissance de mon premier enfant, elle a voulu prendre le contrôle.

Comme mon mari, las de voir son père à genou devant sa mère, a été prompt à lui mettre des barrières, elle n’a pas pu envahir notre univers. Et c’est là que les choses ont commencé à mal tourner. Quand ma fille est née un an et demi plus tard, elle a commencé à raconter les pires choses sur les mauvaises façons que nous avions d’élever nos enfants, et surtout, sur l’absence de sens maternel dont je faisais preuve avec les miens.

Devant sa mauvaise foi évidente, quand notre fils cadet est né, mon mari a décidé de lui clore le bec en lui interdisan­t de remettre les pieds chez nous. Depuis, on ne se fréquente plus. Mes belles-soeurs, que j’ai croisées lors du décès de mon beau-père en décembre, aimeraient bien qu’on se revoie, mais mon mari oppose un refus formel à ça sous prétexte qu’ayant évité sa mère depuis sa naissance, il n’a aucune envie de renouer. Mon rêve de grande famille unie s’est donc évanoui du même coup. Je comprends mon mari qui a souffert à cause de sa mère, mais ne devrait-on pas lui pardonner pour que nos enfants fassent partie de la grande famille dont j’ai rêvé ? Mère déchirée

Ça m’étonne que vous ne fassiez pas plus confiance que ça à votre mari. Vous me semblez vous accrocher à un rêve qui ne se réalisera jamais. Il faut effectivem­ent pardonner à cette femme pour vous en libérer, mais tout comme votre mari, je pense qu’il vaut mieux ne pas tenter de la remettre dans votre vie, à moins de la garder à grande distance. Ce qui est parfois très difficile avec ce type de personne. Il y a des choses qu’il ne faut pas forcer dans la vie, au risque de s’y brûler.

Le savoir-vivre a foutu le camp du Québec

Je sais que je risque d’avoir l’air ancienne bien que j’aie tout juste 45 ans, mais je trouve effrayant qu’ici au Québec les bonnes manières n’aient plus droit de cité. On dirait que personne n’a envie de faire le moindre effort pour tenir une porte derrière soi ou encore de saluer les gens quand ils entrent dans un lieu public restreint. C’est tout juste s’ils tendent la main quand on leur présente quelqu’un. Ma pauvre mère doit se retourner dans sa tombe.

J’essaie d’inculquer ces bonnes manières à mes enfants, mais quand ils observent les gens qu’ils rencontren­t, ils s’empressent de me dire qu’ils sont les seuls qu’on oblige à faire ça. Comment les convaincre de l’importance du civisme ?

La seule manière de river ce clou, c’est de ne pas lâcher. Le civisme fait partie de ces choses qui ont l’air sans importance quand on est jeune, mais qui prennent de la valeur avec l’âge. Plus vous allez tenir bon, plus l’habitude va s’imprimer en eux.

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